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samedi 18 mai 2024

Lecture

 

« Il faut lire » 

 

C’est ce que n’arrêtait pas de dire ma prof de français que je n’aimais pas. Il faut lire. Oui d’accord, mais quoi ? Du temps que j'usais mes fonds de culottes sur les bancs de l’école primaire, les éventuelles lectures venaient à nous dans un bibliobus. Une bibliothèque sur roues. Il fallait suivre les injonctions de mes nombreuses maîtresses d’école. Il faut lire, il faut prendre des livres. Je ne savais pas lesquels, et cette opération devenait une torture. Je me rabattais sur les Tintin et Milou, Astérix et Obélix, le clan des sept. Des trucs faciles à lire. Je lisais peu ou pas du tout.

Puis au collège, il fallait encore lire. Des classiques obligatoires. C’est probablement le mot “obligatoire” qui m'indisposait, à moins que ce ne fut le côté "classique". Lorsque les études eurent fini de me poursuivre, je n’ai plus ouvert un livre.

Paradoxalement et aussi bizarrement que cela puisse paraître, j’ai toujours été attiré par les librairies, par les trésors qu’elles recelaient, ceux-là même qui me voyaient empêtré avec, comme une poule qui aurait trouvé un couteau. Puis un jour, un livre m’attira irrésistiblement, comme un aimant.

Matière à rire*, d’un maître des mots, qui jouait avec… J’ai feuilleté, j’ai aimé. Ce fut le tout premier livre que je m’achetai. Puis, beaucoup plus tard, j’en reçu un en cadeau d’adieu : Le grand meaulne (avec une chaussure noire), aimais-je à rajouter. Dès lors, j'ai compris ce que je pouvais trouver dans les livres, et j’ai su orienter mes choix. D’abord, pour occuper l’esprit, ensuite, parce que j’y ai pris goût. Pour apprendre à apprivoiser mes lectures, je suis passé par la case des romans policiers et autres thrillers, j'y suis d'ailleurs, toujours fidèle. Des auteurs connus et maîtres du genre. De temps en temps, j’alterne, avec des histoires plus douces ; rien à l’eau de rose, je déteste. 


Je viens de terminer deux superbes livres qui dardaient leurs pages sur l’étagère de la bibliothèque municipale. Il y avait longtemps que j’avais noté le titre dans ma liste de livres à lire. Et voilà t'y pas que ce livre n’était pas seul, sa suite l’y côtoyait. Dès la première page, j’ai été emporté dans un tourbillon. J’ai dévoré. Je ne divulguerai rien du contenu. Enfin si, beaucoup d'émotions, de ces émotions fortes qui vous tirent les larmes malgré vous. Des larmes de tristesse, de joie, d’horreur aussi, mais également de bonheur, de grand bonheur qui vous élève, d’espoir.

J’ai dû faire plusieurs pauses, afin que la tension retombe, et autant pour écrire ce texte, en alternance, par épisodes. J’entends presque ma petite sœur me charriant en me traitant de femmelette… Parce qu’un homme, ça ne pleure pas. Quelle connerie ! 

Dès les premières lignes de ces livres, le ton est donné. 

 - Ils sont l’histoire romancée de mes grands-parents, à partir du récit que ma grand-mère n’a jamais pu achever, tant l’horreur de ce qu’elle avait vécu finissait par s’étrangler de sanglots, dixit l’auteur : Ian Manook.

 C’est fort, c’est prenant, bouleversant. A celles et ceux qui ont le cœur bien accroché, qui aiment les belles histoires, je recommande.


Ian Manook : L’oiseau bleu d’Erzeroum - Le chant d’Haïganouch

 

 

 

*Matière à rire : Raymond devos