présentation

samedi 25 janvier 2020

Feu




Le feu m’a toujours fasciné, pas vous ?  C’est peut-être la danse des flammes qui hypnotise, comme la flûte du joueur, ou du charmeur de serpents. 
Enfant, nous avions interdiction d’y toucher. Le feu était maîtrisé, capturé, prisonnier de la fonte, complice de mijotages culinaires. 
Synonyme aussi de chaleur humaine. L’hiver, nous nous y « coucourlions » autour, comme le vestige de notre passé préhistorique.




Et puis, il y avait le feu que nous avions le droit  de toucher… Celui que mon père maîtrisait, en réduisant en cendres des montagnes de branchages, dont les troncs et les grosses branches serviraient à alimenter l’industrie papetière. La consigne était stricte : on ne joue pas avec le feu, car lui ne joue jamais. Ce n’était pas vraiment  par sa maîtrise du feu de forge que mon père m’impressionnait le plus, mais par la pratique de l’écobuage. Opération plus compliquée qu’il n’y paraissait. Il ne suffisait pas de craquer une allumette, fut-elle suédoise, n’importe comment. Le risque d’embraser la campagne était bien présent. L’espace de quelques heures il était le maître du feu, en maîtrisant lui-même les éléments. 
S’adapter à la topographie, évaluer et surveiller la force et la direction du vent, se prémunir d’un coupe-feu, naturel ou artificiel, tout cela faisait partie du jeu. Je soupçonne qu’il devait posséder un sixième sens ; très souvent, la pluie arrivait à point, comme l’ultime sécurité. 
Au printemps, ces endroits-là, n’avaient pas leurs pareils pour regorger d’escargots et de mousserons. Ce n’est pas un hasard, s’il existe des plantes dites « pyrophytes », elles ont besoin du feu pour vivre ou survivre.

Pour en savoir plus, c'est ici, (clic)

Je ne saurais parler du feu, sans évoquer celui, intime, dont nous aimons la brûlure. Un feu en soie, juste là, à l’intérieur. 
D’abord charmeur, puis ravageur, attirés que nous sommes comme des phalènes, par la lumière subtile d’une brune ou d’une blonde à la croupe incendiaire. Il faudrait être professeur de droit, pour ne rien faire de travers, et encore…  S’irradier ensemble dans une fusion nucléaire ; les noyaux fusionnant un instant, pareils à deux comètes entrées en collision pour se recomposer en s’éloignant. 
Comme toute action, il y a réaction, dégagement d’énergie, production de chaleur ; le feu, quoi !



samedi 18 janvier 2020

Un peu, mon neveu !






Il fut un temps que les plus de cinquante ans se souviennent. Nous sommes quelques-uns, une poignée, une fratrie. 
Alors que nous étions des enfants, mon frère ainé avait eu l'idée lumineuse de nous rebaptiser. Inspiré probablement par le cinéma et les films de gangsters, il nous avait affublés de surnoms dignes de petites frappes.                                                 
Wilfried la chaussette                                                    
Freddie la mauviette                                                     
Nickolatov Popovitch
Ben oui, il y avait un intrus, ou plutôt une intruse ! Une intrigante Slave, sous les traits de ma petite sœur. Il ne s'était pas oublié, non plus, en s'affublant d'un surnom peu reluisant : Johnson le couillon.
Ces surnoms, ces noms d'emprunt, sont encore très présent dans nos mémoires. Il suffit simplement de les évoquer, et nous avons dix ans, bien cachés dans nos cabanes... 
En s'inspirant de cela, mon neveu eu l'idée lumineuse, lui aussi, de rebaptiser les musiciens de son groupe de rock.                                                      
Brad Bronstein                                                     
Bill Nuggets                                                        
Eddy Flint                                                     
Mike Flanagan                                                   
Andy Burke                                                        
Peter Golberg                                                       
Et, par la même,  de nous faire un clin d'œil ...                     
Chacun a donc choisi son pseudonyme. Aujourd'hui, ce groupe n'est plus, mais la première salle de concert importante dans laquelle ils se produisirent était au 10 rue de la madeleine, dans une ville dont j'ai oublié le nom ? Et ce fut celui-ci qu'ils adoptèrent. 
Ah oui, mon neveu, c'est le batteur, avec son inimitable sourire, le même que celui de mon fils.

Pour l'heure, via sa mère, qui est aussi ma sœur, il m'envoie des vidéos en provenance de l'autre bout de la terre, à quelque dix mille kilomètres d'ici ; à la découverte de la moitié de ses origines, de son histoire.

Je vous le laisse découvrir dans ce clip, à trois minutes vingt-quatre...



dimanche 12 janvier 2020

Marie-France




la ferme familiale









Il faisait froid, c'était l'hiver ; mais un hiver d'autrefois, avec neige et verglas, des conditions normales, à l'époque. 
Depuis le matin, la ferme était en ébullition, la petite dernière était sur le point de naître. Cela faisait plusieurs jours que le docteur venait s'enquérir de la future maman. 
Mes sœurs ainées savaient pertinemment que les bébés ne naissaient pas dans les roses, pas plus que dans les choux, fussent-ils roses. Il n'y avait pas, non plus de cigognes assez téméraires, pour se risquer dans ma campagne hors du monde. 
L'hypothèse la plus vraisemblable, était que c'était le docteur en personne qui apportait les bébés dans son immense sacoche. Ma sœur C...... Se jouait à le leur faire croire. 
Ainsi, en ce jour anniversaire de Jack London, Marie Dubois ou Eli Kakou, mes parents, eurent la surprise de constater que dame nature leur avait joué un tour de magie. 
Marie-France aurait dû être mon prénom... Mon père invita alors ses filles à faire la connaissance de ce bébé, tout en leur indiquant qu'elles pourraient choisir un prénom. Ma mère approuva le choix. 
Naitre, le jour, anniversaire de la mort d'Agatha Christie n'est pas une mince affaire. C'est peut-être pour cette raison que j'adore les romans policiers et autres polars... 
C'est aussi ce jour que j'ai choisi pour l'ouverture de ce blog. Le premier texte me trottait dans la tête depuis des mois. Je capturai, ici ou là, des bribes de phrases, selon l'inspiration du moment. Les suivants sont venus tout seuls ; comme celui-ci, dont les mots m'ont cueilli au pied du lit, alors qu'hier, je griffonnais des pages, sans résultat.

Si on ne m'avait pas poussé et soutenu, je n'aurais jamais franchi le seuil du blog. Merci à elle, je sais qu'elle se reconnaîtra, je l'embrasse.
 
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dimanche 5 janvier 2020

Anti-pluie...





Parce que toute la pluie ne tombe pas toujours sur moi. 
Parce que je ne suis pas toujours un ravi de la crèche. 
Parce que je ne suis pas toujours un homme gentil. 
Parce que j'atteins l'âge de ne pas me laisser embeziner. 
Parce que j'écris ce que je veux. 
Parce qu'une réponse à Pastelle m'a remis en mémoire cette bluette...exact contraire du billet "pluie".








Aucune pluie ne tombait sur moi, le ciel avait la légèreté de l'été naissant. L'énergie euphorisante d'assister au spectacle de fin d'année, me donnait des ailes. Par expérience, je savais qu'il était plus judicieux de s'y rendre à pied et l'idée de tourner sans fin à la recherche du temps perdu, en l'occurrence, une place de stationnement, ne m'enchantait pas. 
Trois cent mètres à pied, lorsqu’on est en bonne santé, ne sont rien. 
J'étais concentré sur ma foulée, rapide et cadencée et rien ni personne ne m'aurait arrêté. Soudain, une voix féminine m'interpella : 
- « Monsieur, monsieur, je dois me rendre à l'école de T...... Pour le spectacle, pouvez-vous m'indiquer le chemin, s'il vous plaît ? » 
Je vis là une possibilité de covoiturage, une aubaine, dans mon cas. 
- « Je m'y rends de ce pas, si vous voulez, je vous guide, vous m'emmenez ? »  
La proposition me paraissait équitable et honnête. J'étais sûr, ou presque, d'arriver en avance. Erreur gravissime ! 
D'habitude, j'inspire plutôt confiance, et je venais de vendre la peau de l’ours, un peu trop précipitamment… 
Sa réponse me laissa comme deux ronds de flanc. En me regardant droit dans les yeux : 
-« je ne vois pas pourquoi je vous emmènerai, je n'en ai aucune envie ». 
Mon côté ours sauvage ne fit qu’un tour et lui décocha un coup de griffe qui l'expédia, elle et ses faveurs, son argent du beurre et son bas-beurre à son point de départ...
Non mais, j’ai des principes, et j'ai continué mon chemin de petit bonhomme.

Les épines de roses font toujours cet effet-là, quand on s'y fait envoyer paître...