« Surtout, ne forcez pas,
reposez-vous »
telles
furent les mots du chirurgien, en nous accompagnant à la porte de son bureau.
L’opération s’était bien passée, l’appendicectomie était un succès. Sœurette
s’avouait chanceuse, en pensant à notre arrière-grand-mère, qui, elle, en était
morte.
J’étais son taxi, non pas pour Tobrouk, mais pour chez nous.
C’est en
arrivant près de la voiture que tout alla de mal en pis.
Tout d’abord, ce fut la
portière du côté conducteur qui refusa de s’ouvrir. Qu’à cela ne tienne, nous
entrâmes par le côté passager, qui n'était pas au mieux de sa forme, non plus…
Ensuite, ce fut le moteur qui ne daigna pas tourner sous l’impulsion
inexistante du démarreur.
C’est la batterie, fis-je ! Elle aussi, venait
de décider de n’en faire qu’à sa tête. Nous étions en plan...
Par chance,
ou par prémonition, la voiture était garée sur une légère pente, et avec un
petit coup de pouce, nous pourrions démarrer « à la descente ».
Sœurette, pour sa convalescence, fit son premier effort, en poussant cette
maudite voiture, qui, par un parfait réglage du moteur, démarra à la première
étincelle que le « delco » voulu bien délivrer.
Bon sang, je m’en
voulais, mais petite sœur n’avait pas le permis de conduire, n’y le coup de
main pour démarrer de la sorte.
« Purée, ça commence bien,
heureusement que le docteur a dit de ne pas forcer ! »
Tout aurait été pour le mieux, s’il n’avait pas fallu
s’arrêter pour quelques emplettes. Par précaution, je choisis, à dessein, une
place de choix dans une rue en pente ; cela éviterait un effort inapproprié pour
une convalescente.
Ce qui nous bloqua, cette fois, ce fut le fou rire dont sœurette fut victime et qui lui « déchirait » l’abdomen dans des spasmes autant hilarants que grimaçants. Faut dire que la situation aurait été comique, si elle ne fut pas aussi tragique.
Ce qui nous bloqua, cette fois, ce fut le fou rire dont sœurette fut victime et qui lui « déchirait » l’abdomen dans des spasmes autant hilarants que grimaçants. Faut dire que la situation aurait été comique, si elle ne fut pas aussi tragique.
Mon taxi de fortune était une dernière
main, son état était pitoyable, mais c’était le seul véhicule que nous avions à
disposition.
La portière du côté conducteur ne s’ouvrait plus, et le bouton-poussoir du côté passager avait disparu depuis belle lurette. Il laissait place à un trou, permettant le passage du petit doigt, qui par une pression appropriée et précise, actionnait la chevillette et libérait la bobinette.
La portière du côté conducteur ne s’ouvrait plus, et le bouton-poussoir du côté passager avait disparu depuis belle lurette. Il laissait place à un trou, permettant le passage du petit doigt, qui par une pression appropriée et précise, actionnait la chevillette et libérait la bobinette.
Hélas, le petit doigt se révéla trop court, et j’eus la bonne idée
d’y introduire son voisin, qui se révéla, sinon de la bonne longueur, un poil
trop gros. Toutes tentatives d’extraction faisaient aussi mal que l’arrachage
d’une dent.
Nous en étions là : moi, le doigt coincé dans la
portière, petite sœur se bidonnant en m’imaginant revenir à l’hôpital avec la
portière sous le bras, en vue d’une désincarcération.
Je lui fis remarquer
qu’un carrossier ou un garagiste eut été plus indiqué…
Après quelques sueurs froides, quelques douleurs
abdominales, et un doigt complétement épluché, nous pûmes enfin rentrer chez
nous.
Son appendicite, elle s’en souvient ! Moi
aussi !