présentation

lundi 31 mai 2021

Lui

 

Le teint halé, et le visage buriné par la vie, étaient les signes extérieurs visibles de celles et ceux qui vivent en contact direct avec les éléments. Cela faisait des mois que je le voyais plus ou moins régulièrement sur le bord de la route, le pouce tendu, matin comme soir, sur mon chemin du travail. Il devait travailler quelque part, plus loin que moi, et je me fis la réflexion que ce ne devait pas être très facile de respecter des horaires fixes, avec un moyen de transport aussi aléatoire… Un jour que j’étais dans de meilleures dispositions, je décidais de m’arrêter. De près, son visage paraissait encore plus marqué, et je ne savais pas lui donner un âge précis. Visage hyper bronzé, cheveux blanchis par le soleil, et deux yeux d’un bleu très pâle. Une bonne tête, trahie par une odeur que je reconnus en un centième de seconde ; de ces effluves qui collent à la peau aussi sûrement qu’une tique à un chien, et propre à ceux qui consomment très régulièrement et sans modération, le contenu d’une soi-disant « dive » bouteille, le plus souvent étoilée…

Une vinasse sans nom, résultat de la greffe d’un mauvais pied de vigne et de fil de fer barbelé ; un assemblage parfaitement réussi d’imbuvable et d’infecte, un tord-boyaux. Les qualificatifs me manquent, tant je connais les ravages de cet élixir de dépérissement. Cependant, je ne voulus pas m’arrêter à cette première impression, mais je savais… Nous avons partagé la route d’autres fois encore, jusqu’à la fois de trop…

Enfant, le fameux sketch, dit, de l’eau ferrugineuse, de Bourvil, (ici) ne m’a, ne faisait rire personne… Je ne comprenais même pas comment on puisse en rire ! Depuis, le temps a fait son œuvre et permis de finir par pardonner.

 

jeudi 13 mai 2021

Objectif lune

 

 

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis encore en possession de ma première automobile. Une pièce de collection, en parfait état de fonctionnement, et écologiquement parlant, un modèle ! Pas un seul point de rouille, pas une seule fuite de liquide quelconque. Pas de contrôle technique, non plus ; les voitures de collection en sont dispensées. 

Pensez donc, pour cette merveille, je n’ai même jamais dépensé le moindre sou. C’est un cadeau de ma sœur B, et j’éprouve une certaine fierté de l’avoir encore. Toutefois, je dois préciser que je ne l’ai jamais conduite ; il aurait fallu, pour cela, que je me réduisisse à l’échelle 1/43 ième. Ce dont je suis incapable, car avec toute la bonne volonté du monde, je n’ai pas réussi à me transformer en minimoys. 

 


Cela n’enlève rien au plaisir d’avoir conservé un jouet d’enfant. 

 


 

 

Celle dont je me sers tous les jours, bien qu’elle soit de la même matière, est constituée, en grande partie, de matériaux à l’obsolescence programmée. De ces matériaux cassant, dès que l’on entreprend de les démonter. Clips et agrafes sont légion pour optimiser le temps de fabrication et d’assemblage. J’ai lu quelque part, que la part la plus conséquente du prix d’une voiture, est le budget lié à la publicité. Ça donne une idée de la qualité du reste…

Malgré cela, si l’on en prend soin, si on sait palier à ce que ne font pas les garagistes, puisqu’ils ne sont que des vendeurs, on peut prolonger ledit véhicule jusqu’à un âge et kilométrage respectable. C’est le cas de mon carrosse, qui a couvert la plus grande partie de la distance qui sépare la terre de la lune. Les différentes phases d’alunissage sont en cours, le choix d’un nouveau vaisseau n’est pas encore à l’ordre du jour, puisqu’il a réussi avec succès les épreuves d’un examen technique.

Il n'est pas encore dans cet état...


 

J’aime faire durer les choses.