Rien ne se passe comme je le
voudrais. C'est en cherchant à en séduire une autre, qu'elle est tombée sous
mon charme. Deux années scolaires ont été nécessaires à l'opération et celle
que je convoitais, ne succomba pas. Il n'y avait que pendant les
cours de mathématique que nous étions côte à côte. Je crois que nous étions les
seules dans ce cas. Les autres, ne se mélangeaient pas. Les garçons trop fiers, les
filles plus réservées ; enfin, il me semble que c'était ainsi.
J'étais
simplement bien à côté d'elle et il me plaisait à penser qu'il en était de même pour elle...
Je
faisais déjà des jeux de mots plus ou moins bons, dont un particulièrement avec
son nom. Elle me répondait en m'affublant de deux surnoms que je ne révèlerai pas et qui pourraient être
des insultes, dans d'autres circonstances.
C'est sous le regard bienveillant de notre professeur de mathématique, monsieur V..... , que nous nous adonnions à nos joutes pas encore amoureuses, dans ce cadre orthonormé que nos abscisses et ordonnées de nos fonctions intimes et linéaires s'affinaient dans une équation totalement inconnue.
C'est sous le regard bienveillant de notre professeur de mathématique, monsieur V..... , que nous nous adonnions à nos joutes pas encore amoureuses, dans ce cadre orthonormé que nos abscisses et ordonnées de nos fonctions intimes et linéaires s'affinaient dans une équation totalement inconnue.
J'étais
parfaitement conscient que les filles préféraient les garçons plus âgés, ceux
qui ressemblent plus à des hommes. Une grande taille, une musculature idoine,
du poil au menton et aux pattes...
Grrr, je ne remplissais
aucun de ces critères ! Mais la nature est bien faite...
Nous avions la même
finesse d'esprit, le même sens de l'humour et de la dérision, ou presque. Dominique
me tomba dans les bras sans que je l'eusse vu arriver. À la récréation du
matin, à l'abri des regards indiscrets, nous échangeâmes pour la première fois
nos fluides salivaires, le jour du bel été... S'ensuivit une journée sur un
petit nuage, l'air un peu niais, avant que je ne retombasse sur la terre ferme
; très ferme, avec le goût amer de la séparation.
C'était le dernier jour
d'école et nous ne nous reverrions plus. Le premier baiser, un baiser d'adieu,
avant un été de porcelaine.