Le petit chemin sentait la noisette, et Mireille n’était pas là... Nous étions en altitude ; un petit air frais malgré un soleil radieux nous le confirmait. Nous étions peu nombreux, une poignée de téméraires ou d’inconscients.
Aucun autre moyen d’ascension, sans pont, n'était à notre disposition.
De simples chaussures de randonnée pour gravir le chemin des muletiers.
Il y avait là, des randonneurs, des curieux, quelques touristes, des parapentistes avec leurs matériels, et même un estropié en béquille. Je doute fort qu’il ne soit parvenu au sommet.
Une petite heure de marche nous attendait, et nous devions cadencer nos pas sur ceux des petites jambes… Quarante-cinq gouttes de transpiration plus tard, le sommet se présentait à nous comme une récompense.
La montagne, ça se mérite. A trois cent soixante degrés, la vision était époustouflante, à perte de vue. Au Nord, pas de corons… mais un massif qui s’étiolait, laissant deviner une large plaine. A l’Est, rien de nouveau, sinon la plaine fertile de la Limagne qui s’étire jusqu’aux contreforts du Forez ; une très ancienne mer intérieure, où l’eau n’est jamais loin.
Vers le Sud et l’Ouest, une barrière de montagnes porteuse de noms bizarres ou inconnus. De puy de la Vache en puy de la Besace, du puy Chopine en banne d’Ordanche, ce n’est pas moins de quatre-vingts volcans endormis qui s’étirent en direction du plus vaste stratovolcan d’Europe, j’ai nommé : le Cantal. J’y suis né et j’y entretiens un attachement particulier.
Le sommet baignait dans le silence de la mer de nuage accrochée au ciel. Des parapentistes déployaient leurs ailes, tandis que les amoureux des sommets déployaient leurs mirettes. Un bar restaurant, accolé à une petite boutique de souvenirs ouverts six mois par an étaient les seules « marques de civilisation ». Bien sûr, pour celles et ceux qui connaissent, le temple de mercure était là bien avant.(clic)
Le géant des dômes vu d'en haut. |
Je suis heureux d’avoir pu profiter de ce lieu et de sa quiétude, avant qu’il ne subissent un bouleversement. Je sais ce que vous vous dites : le volcan s’est réveillé ! Presque.
Des travaux colossaux ont défiguré ses flancs pour y installer un train à crémaillère, tandis qu’un immense parking s’étend à son pied. Le panoramique des dômes recrache par sa bouche, des touristes par centaines, directement dans un piège dédié. Boutiques en tout genres, vaste farce et attrape-nigauds. Des « chinoiseries » y prolifèrent comme des bactéries nocives, estampillées volcans d’Auvergne. Le lieu a perdu de son mysticisme et cela m’attriste. La montagne ne méritait pas ça.
Aujourd’hui, ce lieu est remis à l’honneur en accueillant une étape d’une célèbre course cycliste, mais il est simplement interdit à tout public. Raison de sécurité, le volcan pourrait se réveiller...