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dimanche 9 juillet 2023

Géant des Dômes

 

Le petit chemin sentait la noisette, et Mireille n’était pas là... Nous étions en altitude ; un petit air frais malgré un soleil radieux nous le confirmait. Nous étions peu nombreux, une poignée de téméraires ou d’inconscients. 

Aucun autre moyen d’ascension, sans pont, n'était à notre disposition. 

De simples chaussures de randonnée pour gravir le chemin des muletiers.

Il y avait là, des randonneurs, des curieux, quelques touristes, des parapentistes avec leurs matériels, et même un estropié en béquille. Je doute fort qu’il ne soit parvenu au sommet. 

Une petite heure de marche nous attendait, et nous devions cadencer nos pas sur ceux des petites jambes… Quarante-cinq gouttes de transpiration plus tard, le sommet se présentait à nous comme une récompense. 

La montagne, ça se mérite. A trois cent soixante degrés, la vision était époustouflante, à perte de vue. Au Nord, pas de corons… mais un massif qui s’étiolait, laissant deviner une large plaine. A l’Est, rien de nouveau, sinon la plaine fertile de la Limagne qui s’étire jusqu’aux contreforts du Forez ; une très ancienne mer intérieure, où l’eau n’est jamais loin. 

Vers le Sud et l’Ouest, une barrière de montagnes porteuse de noms bizarres ou inconnus. De puy de la Vache en puy de la Besace, du puy Chopine en banne d’Ordanche, ce n’est pas moins de quatre-vingts volcans endormis qui s’étirent en direction du plus vaste stratovolcan d’Europe, j’ai nommé : le Cantal. J’y suis né et j’y entretiens un attachement particulier.

 

Le sommet baignait dans le silence de la mer de nuage accrochée au ciel. Des parapentistes déployaient leurs ailes, tandis que les amoureux des sommets déployaient leurs mirettes. Un bar restaurant, accolé à une petite boutique de souvenirs ouverts six mois par an étaient les seules « marques de civilisation ». Bien sûr, pour celles et ceux qui connaissent, le temple de mercure était là bien avant.(clic

 

 

 

Le géant des dômes vu d'en haut.

 

Je suis heureux d’avoir pu profiter de ce lieu et de sa quiétude, avant qu’il ne subissent un bouleversement. Je sais ce que vous vous dites : le volcan s’est réveillé ! Presque. 

Des travaux colossaux ont défiguré ses flancs pour y installer un train à crémaillère, tandis qu’un immense parking s’étend à son pied. Le panoramique des dômes recrache par sa bouche, des touristes par centaines, directement dans un piège dédié. Boutiques en tout genres, vaste farce et attrape-nigauds. Des « chinoiseries » y prolifèrent comme des bactéries nocives, estampillées volcans d’Auvergne. Le lieu a perdu de son mysticisme et cela m’attriste. La montagne ne méritait pas ça.

 

Aujourd’hui, ce lieu est remis à l’honneur en accueillant une étape d’une célèbre course cycliste, mais il est simplement interdit à tout public. Raison de sécurité, le volcan pourrait se réveiller...

 

 

dimanche 2 juillet 2023

Je ne suis qu'un homme

 

 

L’habit ne fait pas le moine, dit-on ! Néanmoins, il y contribue beaucoup. J’en ai fait l'expérience lorsque j’accompagnais mon fils pour participer à cette journée dite de “citoyenneté”. Alors que je m’approchais du poste de police de la caserne, de jeunes militaires en tenue de sport, me libérèrent le passage, me saluant presque. Il faut dire que j’étais vêtu d’une veste toute droite sortie de chez eux, et d’un blue-jean sorti d’un tout autre endroit. J’arborais aussi une coupe de cheveux idoine et d’une couleur ne laissant aucun doute sur mon âge, et optionnellement sur mon grade. Dans la confusion, ils me confondirent avec un des leurs. Je déclinai poliment l’invitation.


Une large salopette ne laissait rien deviner de ses formes. Une silhouette et un visage androgyne rajoutaient à la confusion qui avait envahie mes collègues. 

Un prénom mal compris, mal interprété, et un doute planait… Un doute, ça plane. Un doute sur le genre, encore plus. Était-ce un garçon, était-ce une fille ? 

Pour moi, et deux ou trois autres, cela n’avait aucune importance. J’ai déjeuné avec en tête à tête pendant plus d’un an. Muriel faisait difficilement sa place dans ce milieu d’hommes, souvent mal dégrossis.


Vous l’avez compris, les apparences peuvent être trompeuses. Combien de temps faut-il pour se rendre compte que son apparence ne correspond pas à qui l’on est à l'intérieur, à son état-civil ? Combien de questions sans réponses ? Combien de réponses ? Comme dans la chanson, elle est peut-être soufflée par le vent ♫♫♫ Une brise légère porteuse d’une vérité sur le tréfonds de soi, de soie.

On ne naît pas femme, on le devient, disait Simone. Qu’en est-il pour un homme ? C’est presque aussi simple ; on le devient.

C’est ce qu’a entrepris une personne de ma connaissance. Un long parcours pour se libérer, pour s'harmoniser.

Ses parents en sont très fiers, et sa mère, que je connais depuis toujours, aime à dire, non sans une touche d’humour : ”j’ai deux enfants, deux garçons et une fille”. Cette personne talentueuse, de surcroît, a créé son entreprise, et je dois dire que ça marche plutôt pas mal pour eux. Voyez plutôt leur petite création, qui a été primé au festival 48 hour film project Lyon 2022. (clic)