Le manège des autos m'intriguait. Cela
faisait plusieurs heures que des voitures empruntaient ce petit chemin, qui ne
sentait pas la noisette, mais le sapin. Nous étions dans une forêt, dans des
bois noirs.
L'après-midi avait été des plus agréables, coucourlé l'un contre
l'autre, à conter fleurette au beau milieu d'une clairière, où, au printemps, fleurissaient les
jonquilles par milliers.
D'après ce que j'avais lu sur la carte, ce chemin ne
menait nulle part, ou alors au fin fond du bout du monde. Mais que se
passait-il donc, au bout de ce monde ?
La curiosité titillée, en partant, nous
l’empruntâmes, il fallait que l'on sache. Aïe ! Au détour d'un virage, et masqué
par deux arbres aux fûts énormes, se tenaient deux hommes armés de fusils de
chasse. Je dois avouer que nous n'en menions pas large, une impression d'être
tombé dans une embuscade.
Une réunion de chasseurs, avec gros 4x4, vieilles
voitures, barbecue, alcool et fusils. Cocktail potentiellement explosif !
Le
droit d'entrée fut un verre de rouge, un truc qui tache, une horrible piquette
qui empêcherait, à coup sûr de devenir centenaire ; à consommer
directement au volant.
Animé par un sixième sens, j'eus l’impression qu'il ne
fallait pas rester là. Nous traversâmes le campement, le plus « incognito »
possible et nous échappèrent par l'unique sortie.
Ouf ! Nous n'avions aucune
envie d'être fait prisonnier par ces protecteurs de la nature.