présentation

mercredi 25 mai 2022

Passionné

 

Si je vous parlais de mon métier ? Ben non Xoulec, tu dérailles ! Tu en as déjà parlé ici, clic. Mille pardons, c’est que j’avais la tête ailleurs. Faut que je vous dise, mon métier est assez diffèrent de mon travail. L’un découle de l’autre, et  je sais être intarissable sur le sujet.

J’ai appris mon métier en regardant mon père le pratiquer  à ses heures perdues.  À mes yeux d’enfants, il savait tout faire.  Des trucs utiles à la ferme, charrette, tombereau, chaises pour la traite des vaches, manches, râteaux, mais pas de la méduse… Et puis aussi, des petits jouets, une luge. C’est fou comme le bois est une matière polyvalente ; tout aussi fou aussi, le nombre d’objets dont une maison regorge.

Me revient aux oreilles le sifflement particulier du fer de la varlope, déroulant de jolis rubans de bois, aussi fins que du papier d’harmonie. Cet outil était magique. Il redressait le bois et le rendait « doux » au toucher. J’ai appris ce qu’était un tenon, une mortaise, un mouton et sa gueule-de-loup, une noix et sa contre-noix. Le vocabulaire technique était riche de mots nouveaux. Un vilebrequin, qui servait à vilebrequiner ; un trusquin, à trusquiner ; un bédane qui ne servait pas à bédaner, mais à exécuter des mortaises, que je sais encore faire.

Travailler le bois avec des machines modernes est nettement moins poétique.  C’est bruyant et dangereux. Je ne saurais dire le nombre de menuisiers que j’ai croisés dont les mains n’étaient pas complètes… Rassurez-vous, je possède mes dix doigts. Se servir de la machine pour arriver à ses fins, et non pas servir une machine ; eh oui, l’informatique et le numérique sont passés par là… C’est moins dangereux, moins pénible, mais plus bruyant. À la limite de l’avilissement. 

Trop souvent, en regardant mes collègues, j’ai eu l’impression de voir Charlot dans les temps modernes ! Remarquez, quand je suis en poste à la scie de débit, j’ai tout le loisir de penser à un tas de choses sans lien avec le boulot. Comme par exemple, écrire ce billet. Aucun  risque de se blesser, c’est bourré de sécurité en tous genres.

Vous l’aurez compris, j’aime façonner le bois à ma façon, pas à celle d’un programmateur à l’aide d’un robot téléguidé. Je me rends compte, maintenant, que je ressemble  de plus en plus à un vieux dinosaure à qui on apprend plus à faire des grimaces.

 

 

Ci-dessous, mes derniers ouvrages façonnés par mes soins.

 

 

 Un grand frère...

 


         Trois plots de découpe, confectionnés avec le restant de bois de ma bibliothèque




                    Un cale-livre réalisé avec le restant de bois de mes plots de découpe


 

dimanche 1 mai 2022

Les aventuriers

 

Ce qui m’alerta, ce fut le vrombissement des chevaux-vapeur. A vue d’oreille, cela devait être un sacré engin agricole qui œuvrait-là ! Mais un dimanche, peu probable ! A la faveur d’une trouée dans la végétation, j’aperçus, tel un serpent de fer, une file indienne de véhicules dits « tout terrain ». 

J’aime depuis toujours me promener dans ma campagne cantalienne ; j’y puise la force de ce vieux stratovolcan. Le silence et le souffle du vent y vibrent avec moi. Mais qui donc diffractait ainsi mes ondes ? J’eus la réponse quelques centaines de mètres plus loin. D’après les plaques minéralogiques, les perturbateurs endoctrinés débarquaient tout droit de la région parisienne. C’était donc une randonnée motorisée pour citadins en mal de dépaysement.

Moi, j’étais vêtu en autochtone : jeans, veste militaire, botte en caoutchouc, et mon bâton de pèlerin en noisetier fraîchement coupé. Je me fondais dans le paysage, j’avais la dégaine d’un paysan du coin.

Les bourlingueurs franchirent le petit ruisseau, qui, pour l’occasion, était sorti de son lit, tiré de ses rêves par les pluies du printemps, et stoppèrent à ma hauteur. Un grand escogriffe descendit du véhicule de tête, avec une carte à la main. C’était probablement le chef. Je pensais bêtement qu’il allait me demander son chemin. Que nenni, même pas un bonjour !  Heureusement que les autres participants n’étaient pas tous issues du même moule à gaufre… Je perçus ici et là quelques hochements de tête, mas pas de grandes effusions.

 Le chef déplia sa carte, et avec deux ou trois compères, firent le point. Indiana Jones et le nord perdu… Cette pensée me fit sourire. Ce qui me fit rire, ce fut le claquement de mains qui ponctua la courte pause et invitait ses acolytes à reprendre la route. 

C’est d’ailleurs cette phrase qui me fit rire : « Bien, en route pour de nouvelles aventures ».

 Quelle aventure ! Ces Indiana Jones de pacotille avaient franchi un gué, avaient brisé mon petit lac-miroir dont le niveau n’atteignait pas le dessus de ma cheville. Quel exploit !

Cette randonnée me faisait penser à ces stages de cohésion entre les différents personnels d’une entreprise ; ou comment souder des équipes dans un environnement autre. En l’occurrence, parmi les peuplades du Cantal, pour ne pas dire chez les bouseux. Rien à voir avec Bob Maurane à la recherche de l’oncle Joe ♫♫♫

Ça ne m’égratigne même pas. Vous savez, la bave du crapaud…