Elle n’était pas maquillée comme une star de
ciné. Elle n’avait pas non plus les yeux couleur menthe à l’eau, pas plus que
revolver. Non, elle n’avait pas le regard qui tue, rien de tout cela.
Elle
avait simplement de la classe, ou du moins, elle correspondait à l’idée que je
m’en faisais. Lorsque je me rendais dans ce temple de la consommation et de déshumanisation
de ses employés, un rapide coup d’œil décidait de mon passage en caisse. Elle
m’intimidait un peu, et, paradoxalement, je la privilégiais.
Je ne sais pas me
contenter du traditionnel et automatique « bonjour, merci, au
revoir ». J’agrémente souvent mon passage d’un petit plus ; une
parole gentille, un truc pour briser la glace, histoire de ne pas rester
silencieux.
Je dois avouer que cela m’est plus facile depuis que j’ai atteint
un âge, dit de la sagesse. Un jour, au risque de passer pour un dragueur de
supermarché, je me suis risqué à un « je vous trouve très belle ». Ce à quoi
elle répondit « merci, mais je suis mariée ».
Mince ! Le mariage
nuirait-il à la beauté, m’interrogeais-je ?
Un peu pris au dépourvu, sans
bise venue, je rétorquais naturellement que ce n’était pas si grave, qu’elle
était belle quand même.
Je suis probablement passé pour un chercheur
d’aventure, mais il me sembla bien avoir vu son visage s’illuminer.
Brillante
démonstration du pouvoir des mots…
Ce tantôt, je l’ai rencontrée par hasard, nous avons
bavardé comme deux vieux copains perdus de vue, nos sens en alerte, nos yeux
captant tous les signaux électrisées par le ballet des phéromones.
Cette
rencontre a enjolivé mon week-end. La prochaine fois, c’est acté, on se prend
un café.
Elle a vraiment beaucoup de classe, ma super copine du
marché.