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samedi 4 avril 2020

Argent, trop cher !



« La vie n’a pas de prix »



Sages paroles pleines de vérité que « Téléphone » crachait à plein poumon sur les ondes radiophoniques de la bande FM. Je savais la valeur de l’argent pour en avoir manqué, et ce, dès l’enfance. Un sou était un sou, il l’est toujours. 
Nous vivions à l’économie, pas de marché, non ! Nous vivions de façon « économique », pas de gaspillage, pas de consommation à outrance, aucune tentation à portée de mains. Ainsi, à l’âge de quatorze ans, avec le concours de ma sœur E….. , j’ai pu m’offrir un vélo de course, pour la somme astronomique de huit cent francs (cent-vingt euros). 
Je disposais de la moitié  de la somme en cash, comme on dit maintenant. Moi, je préfère les espèces sonnantes et trébuchantes, avouez que c’est plus poétique ! 
Le vélo donc, premier moyen de locomotion, d’autonomie, premier moyen d’évasion. Lorsque j’ai quitté la ferme familiale, il était ma seule fortune, et m’a servi pour mon premier travail. 
Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne savais pas quoi faire de mes premiers salaires empochés. Tout cet argent me paraissait être une fortune. Je vivais comme j’avais été façonné. Ma première grosse dépense ne fut pas pour faire comme les copains de l’époque, acheter une voiture qu’ils s’empressaient de casser le samedi soir. 
Les bals, la bière et la marquisette ne faisaient pas bon ménage et finissaient par avoir raison des porte-monnaie. Pour beaucoup d’entre eux, les parents venaient à la rescousse. Pas chez nous. 
Tout cet argent m’a donc servi à m’offrir une machine combinée, pour travailler le bois, pour pratiquer ce que j’aimais. En ces temps de confinement, je me félicite tous les jours, d’avoir fait un bon choix. Monsieur Maurice, en me la cédant, eut une larme au coin de l’œil. 

« J’espère que tu en retireras autant de plaisir que moi, j’en ai eu avec » 

A dix-sept ans, je savais, que d’une certaine façon, je serais digne de lui.





18 commentaires:

  1. Pas de chance lorsqu'on n'est pas l’aîné d'une fratrie; on hérite toujours des vêtements, jeux et de la bicyclette qui ont déjà bien vécu. Je l'ai malgré tout aimée cette bicyclette verte portée par le père Noël, aimée bien qu'ayant appartenu à ma soeur et minutieusement repeinte par mon père. J'en ai pris soin parce qu’elle allait , par la suite, servir à mon petit frère. Je n'aurais jamais eu assez d'argent de poche pour me l'offrir. En revanche je te confie un secret, à toi avec je partage l'amour du bois, le travail, le bruit et l'odeur qu'il dégage : avec mon premier salaire, alors que je vivais encore chez mes parents, je me suis acheté une table, ce que l'on appelait une "table de ferme"....MA table qui devint par la suite propriété de ma fille.
    Bon Dimanche cher Xoulec, confine toi dans ton atelier, il y a, j'en suis sûre, d'excellents moments à y passer.

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    1. Chez nous, nous avons tous eus le même vélo rouge, jamais repeint. La mobylette, mon frère D... S'est chargé de sa "destruction", ainsi que de sa remplaçante.
      Du coup, il n'y eu plus rien pour les derniers.
      Quant à la table de ferme, je l'ai fabriqué pour mes parents. Elle est toujours en place.
      Secret pour secret, j'ai écrit ce texte dans mon atelier, justement. Je me suis arrêté et j'ai écrit d'un trait.

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  2. L'éducation que j'ai reçu reposait sur des principes comparables, notamment ne pas gaspiller, avoir le nécessaire, un peu plus à l'occasion, et surtout penser à ceux qui n'ont pas la chance que nous avions et se retrouvaient à vivre pauvrement ou dans le dénuement.
    Mes parents, originaires de la campagne avaient ce genre de principe. Après la guerre ils ont « reprit une affaire qui périclitait » comme on disait en ce temps-là. Bossant dur la barre fut redressée, et notre ordinaire s'améliora nettement. Il n'empêche. Je n'ai manqué de rien. Mais les principes éducatifs d'une certaine ascèse demeuraient comme fondamentaux.
    Je voyais bien qu'ils auraient pu me payer plus de choses, plus de jouets, plus de Dinky-toys. Mais non : les cadeaux c'était Noël et l'anniversaire. J'en arrivais à penser qu'ils étaient radins. Aujourd'hui je me dis comme ils ont eu raison !

    (La marquisette ! J'ai découvert cela en Ardèche, là où mes parents ont pris leur retraite dans les années 70…)

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    1. Il n'y avait pas de cadeaux pour les anniversaires ; Noël était la seule occasion, et seulement jusqu'à l'entrée en sixième.
      C'est peut-être de là que me vient cette particularité d'offrir des cadeaux de ma fabrication !
      Quant à la marquisette, je n'en ai pas bu depuis plus de vingt ans.

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  3. Je trouve que la manière dont nos parents affrontent les économies et l'argent, ou leur notion des "folles dépenses" nous reste attaché. Bien qu'on ait été aisés, je recevais les robes de mes cousines plus grandes très souvent, et mon frère héritait de mes robes transformées en "barbotteuses". On m'a toujours appris à fermer les portes "pour ne pas chauffer la rue", à éteindre les lumières, fermers les radiateurs, manger les restes... Je ne le regrette pas, c'est une discipline qui, je pense, respecte l'argent non pas en tant qu'argent mais en tant que sécurité qui ne se gagne pas facilement...

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    1. C'était monnaie courante, les affaires des premiers servaient aux suivants. Mes sœurs avaient plus de chance, lorsque mes oncles et tantes parisiennes venaient en Auvergne, ma tante M..... apportait avec elle les robes et autres accessoires à la mode que leurs cousines ne portaient plus.
      Quant à nous, les garçons, nous usions les pantalons jusqu'à ce qu'ils soient "impétassable", enfin, j'veux dire impossible à raccommoder.
      Maintenant, les jeans dans cet état, sont à la mode !
      Nous étions précurseurs, sans le savoir... :)

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  4. J'ai reçu la même éducation que mes frères, plus âgés. Nos parents nous ont inculqué la valeur de l'argent. Dès qu'on recevait quelques sous pour les anniversaires ou autres événements, on mettait dans une tirelire et on devait prévoir un achat particulier. J'ai ainsi acheté des livres et des tas de partition de piano. Mais étrangement, un de mes frères est devenu une sorte de panier percé. Comme quoi, l'éducation est une chose mais ensuite, on suit son propre chemin. Aujourd'hui encore, je compte et dès que je dois faire un achat, je réfléchir longuement. Il m'a fallu un mois environ pour me décider dernièrement pour un trépied pour la photo. J'ai compulsé nombre de sites sur internet pour comparer les prix et la qualité. Bon, quand je vais au magasin et que je dois acheter des pommes, c'est quand même plus facile. :-) Bises alpines... de loin.

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    1. Oui, c'est étrange, un de mes frères aussi est un panier percé.
      Ma petite sœur me traitait souvent de "radin". Elle me faisait enrager avec ça. Pourtant, je ne l'étais pas plus qu'elle ! :)
      J'ai dégoté le trépied pour la photo, dans un vide-grenier, pour la somme astronomique de six euros.
      On ne se refait pas...;)
      Bises de loin et ventées

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  5. On sent ton émotion à toi...

    Je me souviens parfaitement de la sensation d'incongruité que j'avais en touchant mon salaire d'éducatrice sportive, pendant une bonne dizaine d'années, de même que ceux du temps du Club Med... Je m'éclatais tellement à faire ce que j'adorais que l'argent passait au second plan. Bon, j'avoue, même si c'est très vilain et qu'il ne faut pas le dire, l'argent, c'est rudement pratique ;-))
    Bises pluvieuses aujourd'hui :-)

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    1. Même si c'est vilain, ça aide bien dans la vie de tous les jours...
      "L'argent est bon serviteur, mais mauvais maître" dicton de sagesse populaire.
      Dans mon premier travail, j'avais l'impression de moins travailler qu'à la ferme. Ça me faisait "tout drôle"... Et pour finir, je reprendrais, approximativement, une phrase de Coluche, selon laquelle ce n'est pas de travail que les Français ont besoin, mais d'argent.
      Bises puydômoisement ensoleillées. Enfin, plus à cette heure-là.

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  6. Je n'ai aucun doute là-dessus : tu fais honneur à cette machine à bois, et j'en souris d'avance...
    L'argent, oui bien sûr, il en faut un peu, mais de là à baser toute sa vie dessus...Les anciens étaient écolos avant l'heure : pas de gaspillage, et du recyclage. Et puis la société de consommation a explosé nos têtes et nos portefeuilles... Pourtant dès le début, on savait que ce n'était pas bien, les poètes ne s'y trompaient pas...Ainsi Boris Vian...
    Bisous de la nuit
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Je pense que j'ai bien valorisé cet "investissement"...
      Les trente glorieuses sont passées par là, et ont rendu les hommes esclaves des choses ♫♫♫
      Pétard ! Boris Vian et le salon des arts ménagers, avec la fameuse tourniquette à faire la vinaigrette et le pistolet à gaufres, et on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois.:)

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    2. Oups ! Bises de claire de lune

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    3. Grrrrrrrrrrrr, "clair" de lune, bon sang !

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  7. Chez nous aussi, il n'y avait pas de cadeaux, sauf pour Noël. Mes parents nous ont donné la valeur de l'argent, et nous l'avons donné à notre tour à nos enfants. Je trouve que c'est important. S'ils voulaient par exemple des chaussures, on leur payait le prix moyen d'une paire de chaussures, et s'ils en voulaient des plus chères, ils complétaient avec leur argent de poche, argent de poche qu'ils se faisaient lors de petits jobs d'été. Je trouve maintenant que l'on ne donne pas assez la valeur de l'argent, la valeur des choses, aux jeunes, ils sont un peu "pourris gâtés"...
    Bon après-midi Xoulec. Bises ensoleillées.

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    1. C'est probablement une impression, tous ne sont pas "pourris gâtés". C'est difficile de se rendre compte quand c'est l'argent des "autres". Après, quand il est gagné à la sueur de son front, on voit les choses différemment... Ou, du moins, je l'espère.

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  8. J'ai eu un peu la même éducation et ne le regrette pas du tout, moi le velo je l'ai eu pour mon certificat d'études parce que c'était les grèves de 68 et que je l'avais passé en candidate libre pour occuper le temps, cela dit comme je n 'en avais pas eu avant je ne savais pas en faire...........
    Mais même si je portais la même jupe toute la semaine et que je ne partais pas en vacances je garde un très bon souvenir de mon enfance.
    Aujourd'hui les enfants sont trop gâtés et n'ont plus la valeur de rien mais c'est de notre faute. C'est bête c'était si beau de voir la surprise du cadeau de noël lorsque nous en avions un.
    Bravo pour le travail du bois, mon grand père Cantalou avait offert a chacune de ses filles une salle a manger complète en bois qu'il avait fabriqué et sculpté de ses mains cette odeur de bois dans l'atelier c'était divin.
    Merci pour ces souvenirs.
    https://www.youtube.com/watch?v=GdH30r1IZzs

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    1. Ma sœur B..... est une fan de Johnny, depuis le début... Moi, ça dépend des périodes.
      Un retour en arrière est impossible, et il est aussi quasiment impossible de vivre à contre-courant. Mais la magie qu'un vélo peut susciter est toujours réelle. Je me souviens parfaitement de l'étincelle que j'ai vue dans les yeux de mon fils ainé, lorsqu'il a pris possession de son VTT "tout suspendu", pour ses 15 ou 16 ans ; il y a 4 ou 5 ans de cela.
      Il adore le vélo.

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