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vendredi 27 décembre 2024

Nuit magique

 

Je ne sais pas si tous les Noël sont magiques ! Je sais seulement que parfois, une magie opère ; cela m’est arrivé un jour, ou plutôt une nuit. La nuit de Noël.


Nous étions parties précipitamment, sans véhicule approprié, ni matériels spécifiques. L’entreprise dans laquelle j’officiais avait eu la bonne idée d’envoyer toutes ses équipes en déplacement, dans les différents chantiers de la région. Après avoir dégoté un véhicule et un semblant de matériel, affublé d’un coéquipier, nous partîmes pour la capitale Auvergnate, exécuter le dernier chantier de l’année. Par chance, nous travaillerions au chaud, à l’intérieur ; ce n’est pas toujours le cas. Le chantier ne s'annonçait pas facile. Si j’en avais réalisé la fabrication de la pièce maîtresse, je n’aimais pas en faire l’installation.

Mettre en place un comptoir de bar n’est pas la chose la plus aisée. Je déteste travailler confinés dans les quatre mètres carrés de l’arrière d’un bar, où s’affairent menuisiers, plombiers, électriciens, brasseurs et autres corps de métier du bâtiment. En un mot, c’est le b…..  Mais laissons cela, car la magie n’était pas là.

Tant bien que mal, nous terminâmes la pose de l’ouvrage, avec le soutien d’autres équipes venues nous rejoindre. Le patron du lieu était ravi, et nous offrit le champagne, mais pas que… La soirée ne faisait que commencer, et sur ces entrefaites, nous quittâmes tardivement ce lieu pour un autre du même acabit, en plein cœur de la cité estudiantine. Nous fîmes la fermeture à une heure avancée de la nuit. Pour le retour, j’avais troqué mon véhicule contre un autre de l’entreprise, et récupéré au passage, deux passagers supplémentaires.

Nous étions maintenant quatre personnes dans un véhicule conçu pour trois. En tant que chauffeur, je n’étais pas à l’étroit. Il n’en était pas de même pour mes trois loustics quelque peu éméchés.

Tout aurait été pour le mieux si, pour le retour, je n’étais pas tombé sur un barrage de police… P…. Zut, m’exclamais-je ! Le plus naturellement du monde, je l’évitais en bifurquant vers la seule autre issue possible. C’est à ce moment-là qu’ils me repérèrent. C’était suspect !

Sans que je ne m’en aperçoive vraiment, ils nous emboîtèrent le pas. La question qui me taraudait, était de savoir à quel moment ils allaient nous arrêter ? La réponse fusa à la vitesse de la lumière, ou plutôt à la vitesse de la Renault 21 Nevada. Le véhicule de la BAC nous serra façon Starsky et Hutch, mais sans solo de guitare électrique... En une fraction de seconde, cinq policiers surgirent et prirent position. Je me voyais déjà terminer la nuit du réveillon au poste de police, d’autant plus que j’avais quasiment brûlé un feu rouge. Un test d’alcoolémie n'aurait pas arrangé les choses...

Ils invitèrent mes collègues à descendre du véhicule, en appuis contre la camionnette, une fouille en bonne et due forme fut pratiquée. Pas d’invitation pour moi. Stoïque, je restais au volant et fournissais les documents demandés, en délivrant moult réponses aux questions posées. Leur dire que notre chantier était une brasserie ne me paraissait pas être une bonne idée, cependant, c’était la seule vérité. J’ai dû être convaincant, puisque mes acolytes, presque dégrisés, furent invités à regagner leurs places. Tandis que les policiers se concertaient quant à l’issue à donner à leur intervention, j’imaginais mon permis s’envoler. Je n’attendis pas longtemps. Ils me rendirent mes précieux sésames en me recommandant de faire très attention à mes passagers en surnombre. Un “joyeux Noël” accompagna le geste, alors que je remerciai très sincèrement. 

Je pense que c’est cette nuit-là, que la magie opéra.