195ème Devoir de Lakevio du Goût
Cette toile de Mark Keller me rappelle quelque chose et m’inspire un conte.
Mais à vous ?
Qu’inspire-t-elle ?
On le saura peut-être lundi…
Grand-père aimait beaucoup jouer du violon. Ce n’était pas du goût de tout le monde. Les oreilles sensibles s’abstenaient de l’écouter. Malgré son acharnement à vouloir animer les fêtes, dans les villages alentour, il n’arrivait pas à captiver son public. Faut dire qu’au mieux, il n’arrivait qu’à extirper de son crin-crin, des grincements douloureux aux tympans. Ceci explique cela.
Le dimanche après-midi, grand-père était toujours de très bonne humeur, lorsqu’il se rendait sur les bords de Marne, et nul ne savait vraiment pourquoi ? Ce n’était sûrement pas l'insuccès de la veille… Aussi, j’étais curieux de savoir ce qui le mettait en joie. Je décidais donc de le suivre, à pas feutré, me faufilant ici et là pour ne pas me faire repérer. Ainsi, je découvris que papy était un sacré cachottier. Privé d’auditoire, il jouait merveilleusement bien du violon. Mais le plus extraordinaire, c’est que l’harmonie qu’il créait avait le pouvoir d’attirer les animaux à lui. Veaux, vaches, cochons, couvée, basse et haute cours, tous venaient écouter sa musique. C’était magique.
Par un savant coup d’archet sur les cordes sensibles, une vraie-fausse note jaillissait de la table d’harmonie. C’était un signal… Le plus audacieux des canards montait alors sur le petit muret, s’approchait du musicien, semblait lui parler dans un langage incompréhensible. Mon pépé riait alors aux éclats, et se mettait aussitôt à interpréter la fameuse danse des canards… Sans exception, tous les animaux se mirent à secouer le bas des reins. C’était drôle. Irrésistible, surtout quand ils essayèrent de faire coin-coin, dans tous les coins.
Un éclat de rire déchira la cacophonie, et je fus découvert. Mon papy adoré me fit jurer de ne jamais révéler son secret de son vivant. Ce que je fis jusqu'à ce jour.