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samedi 22 février 2025

Métier 2

 

Ce tantôt, je me suis réveillé avec un étrange constat dans la tête. j'ai pas mal de choses à faire, et je ne vais pas avoir assez de temps... Figurez-vous que d'ici la fin de l'année, je n'aurai plus à disposition tous les matériaux et outillages dont peut regorger une entreprise de menuiserie d'agencement... C'est un des avantages que procure l'exercice de mon métier, dans une entreprise conciliante... Cela fait trente ans que je n'ai jamais acheté quoi que ce soit pour satisfaire mes velléités de bricolage. Je vous confierai que je n'ai plus grand-chose à aménager, chez moi ; j'ai fait tout ce qu'il y avait à faire. Actuellement, j'en suis à remplacer mon bureau, que j'avais fait en matériaux de récupération, par un nouveau en bois d'arbre. J'ai toujours été atterré par tout ce qui se jette et se gaspille. Quand je vois ce que je peux en faire d'utile, et fonctionnel, je me l'accapare. Mon nouveau bureau est en vrai bois que j'ai acheté sur un site d'annonce bien connu ; en frêne, une essence que j'affectionne. Cela fait trois mois qu'il est en place, à l'état brut, sans finition, pour qu'il s'adapte à son environnement. J'aime cette façon de procéder qui n'existe pas ou plus. Ce plateau de bureau aura tout le loisir de travailler, de se déformer, d'accuser des petites fentes. Ainsi, avant de procéder à sa finition, je pourrais éventuellement le reprendre pour que le résultat soit impeccable.

J'ai pratiqué de la même manière pour la réalisation de ma table de salle à manger. Composé de quatre panneaux assemblés entre des traverses et ceinturés par des alaises, cette table ne devait souffrir d'aucune malformation.

 

Un des quatre panneaux, brut de débit

 La difficulté était dans la stabilisation dimensionnelle des panneaux. Le bois est un matériau vivant, dont la stabilité varie en fonction de la température et de l'hygrométrie. Le bois doit être sec et en accord avec son lieu d'utilisation. Chaque panneau, ainsi assemblé, prisonnier de ses traverses et alaises ne doit pas ni se rétracter, ni gonfler, par une reprise d'humidité dans l'air. Le résultat serait catastrophique. Une ou plusieurs fentes conséquentes pourraient apparaître, en cas de retrait ; les assemblages pourraient casser, en cas de gonflement. 

Pour ce faire, j'ai réalisé l'ouvrage en deux temps.

- confection des panneaux que j'ai entreposés dans la pièce, pendant neuf mois.

- montage et assemblage de l'ensemble, que j'ai abandonné pour la même durée, au même endroit, pour lui laisser tout le loisir de se déformer à sa guise.



 

Plateau de table, avant  finition

 

Passé ce délai, mon plateau de table n'a pas bougé d'un iota ; c'était beau de voir que ma méthode portait ses fruits. Eh, de beaux fruits, voyez vous-même.

J'en suis assez fier.

 

 

En place, avec son pied central en acier


 

 

16 commentaires:

  1. Tu es doué et inventif, tu trouveras bien comment t'occuper avec ce que tu auras à ta disposition. Bonne retraite et belle récompense pour ton opignatreté au service de ta boite.

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    1. Je pense avoir assez d'occupation... C'est juste que je n'aurai plus à disposition toute sorte de matériaux divers et variés. Et GRATUIT !
      En vrai Auvergnat... ;-)
      Mais je m'en accommoderai. En fait, je n'ai plus besoin de grand-chose, maintenant.

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  2. Tu nous parles du travail, de l'esthétique et j'aurais aimé que tu rajoutes cette odeur du bois, si spécifique à chaque essence.

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    1. Il est vrai qu'il y a un plaisir supplémentaire à travailler un bois qui sent bon. Le frêne en fait partie. L'orme aussi, il a la même odeur. Je suis un peu moins fan de celle du noyer. Puis il y a les résineux qui embaument jusqu à Venise, une odeur très agréable. Eh puis, il y en a plein d'autre que je ne connais pas...
      Amicalement

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  3. En effet, tu peux être content et fier de toi, Xoulec, ta table est très réussie et très belle. Tu me fais penser à l'un de mes cousins dont le métier était ébéniste. A la retraite depuis quelques années, il continue à travailler le bois pour le plaisir, et aussi à la demande, il est très doué, c'est vraiment un art de travailler le bois, de la patience aussi si l'on veut obtenir un bon résultat.
    Bon dimanche après-midi. Bises bassoises.

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    1. Tu as raison, pour obtenir un résultat dont on puisse être fier, il faut être patient et minutieux. Vite et bien ne font pas vraiment bon ménage. Lorsque j'étais plus jeune, je travaillais plutôt assez vite, et pas si mal. Mais depuis que je ne travaille que pour le plaisir, j'aime vraiment prendre mon temps.
      Chose impossible pour une entreprise. D'ailleurs, dans l'entreprise dans laquelle j'officie, je ne travaille pas le bois, mais que des matériaux dérivés. C'est facile à mettre en œuvre, ça va vite, si on rate une pièce, on jette et on recommence. C'est une autre façon de faire.
      Bonne semaine.
      Bises Puydômoises

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  4. Voila ce que donnent les mains en or et un cerveau qui refléchit bravo et bises Cantalouses

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    1. C'est exactement cela, les mains qui exécutent ce que le cerveau a pensé, en harmonie. C'est très beau de voir naître entre ses mains ce qui n'était au début, qu'une vague idée.
      Bises d'un Cantalou

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  5. J'ai quand même une question. Quand est-ce qu'on se met à table? Parce que c'est bien d'avoir une aussi belle table mais ensuite, il faut la remplir de victuailles et faire bombance. Non? :-) bises alpines et belle semaine

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    1. Coucou, rassure-toi, avant qu'elle ne remplace la précédente, faite de matériaux modernes récupérés à mon boulot, elle était parfaitement achalandée de victuailles, souvent du jardin ; il n'y a pas de raison pour que cela change :-)
      Bises du massif central

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  6. Franchement, tu peux, quel talent !
    J'ai tout lu, même s'il y a la moitié des mots que je n'ai pas compris ... tu te serais bien entendu avec ma soeur !
    Je suis toujours admirative de ce que certaines personnes, dont tu fais partie, sont capables de faire. Moi, je ne sais rien faire de mes 10 doigts.
    Enfin si, mais pas ça :-)
    PS est-ce que vous mettez une nappe sur cette table magnifique pour la protéger ? le bois en est-il fragile ?
    En tout cas, bravo !

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    1. Je sais faire beaucoup de choses, mais c'est quand même dans le travail du bois que je suis meilleur. Sur notre ancienne table, pour les grands jours, nous mettions une belle nappe, histoire d'avoir une belle table. Elle était en matériau moderne, quelconque.
      Celle-ci est équipée d'une toile cirée transparente de deux millimètres d'épaisseur. Protection efficace qui ne nuit pas à la beauté du bois.
      Bonne semaine

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  7. Une fois de plus je suis subjugué par tes talents pour travailler le bois.
    Dans le passé tu nous as montré d'autres de tes réalisations et c'était vraiment très beau !
    La table que tu donnes à voir et surtout tout le travail en amont et durant des mois est impressionnant. Je suis témoin indirect d'un artisanat admirable, avec cette impression attristante que beaucoup de choses dans ce domaine sont en train de disparaître et que ça ne fera pas de bien ni à l'humanité, ni à la planète…
    Alors merci pour ce genre de billet que j'apprécie grandement.

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    1. Le travail est impressionnant, il fallait être très précis, et surtout laisser le temps pour que les panneaux centraux aient tout le temps de "jouer".
      Je dois ajouter qu'à la base, je choisis minutieusement mon bois, pour limiter les désagréments. L'assemblage de l'ensemble présentait aussi quelques difficultés ; je n'ai pas tout le matériel qu'il me faudrait, aussi, j'ai dû me creuser un peu les méninges... Mon billet tente d'expliquer la difficulté de la chose, qui ne saute pas aux yeux, au premier coup d’œil.
      Je suis parfaitement conscient qu'à l'heure actuelle, il est impossible de travailler comme ça. Il faut être passionné, et abolir toute notion de rentabilité. Pour moi, je ne cherche pas à être rentable, je me fais juste plaisir.

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  8. Lorsque je lis tes mots, Xoulec, je suis transportée dans ton savoir-faire, ta patience, l'amour que tu mets dans le geste juste et la beauté du bois. Ce n'est pas qu'un métier que tu exerces, tu es un véritable artiste. Je distingue mal d'ailleurs la frontière entre l'artisan et l'artiste.

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    1. On m'a souvent dit cela, lorsque je parle de mon métier, de mon amour du bois, plutôt. Je peux être intarissable sur le sujet, surtout si je sens que la personne qui m'écoute est "réceptive", qu'il y a une sorte de "partage".
      Je ne saurais t'expliquer la différence entre artisan et artiste ! L'artisan est soumis à des contraintes mercantiles, alors que l'artiste n'en a que faire. Les deux, ayant à cœur l'amour du travail bien fait.

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