Le massif du Sancy semblait flotter sur une mer de brume, presque irréel. Figure de proue d’un vaisseau fantôme. Plus nous en approchions, plus il semblait distant, inaccessible. Paradoxalement, son irréalité devenait palpable, magie de la montagne. La lumière de l’astre solaire irisait la surface enneigée dans un dégradé de rose aux reflets bleutés, magie de l’aurore. Je saurais rester des heures à m’évader dans cet infini.
De ma terrasse, je peux jouir de ce spectacle, mais à travers le prisme de mes jumelles, c’est beaucoup moins envoûtant. La montagne ne s’offre qu’à celles et ceux qui la méritent, qui en sont issues. Je me demande si l’excitation de découvrir ses flancs, de caresser ses courbes, ses pleins et ses déliés n’est pas plus forte que de s’y fondre, magie de l’imagination…
Je ne suis pas assez bon skieur pour me mesurer à son côté sombre, à ses pistes noires. Mon inconscience juvénile a quelque peu fondu, et je n’ai plus ma forme olympique. J’ai pourtant appris à skier hors des pistes balisées, avec un excellent guide ; magie de la poudreuse.
Je me suis toujours refusé à apprendre de façon conventionnelle, en exécutant ce maudit « chasse-neige », trop éprouvant pour les muscles, pas plus que ce fameux « planté de bâton » cher à Jean-Claude Dusse... (clic) Moi, je me voyais dévaler les pentes à la manière de Jean-Claude Killy, ou de Perrine Pelen, dont j’adorais le nom, et exécuter des freinages majestueux dans un panache de neige. Ça, c’a avait de l’allure, ça me plaisait, et j’y suis arrivé. Je ne savais pas encore que bien des années plus tard, j’initierai moi-même mes enfants à ce loisir. Le ski, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
Je pratique peu. Ici, dans le massif central, les montagnes à vaches ne se parent pas toujours de neige. A l’heure du réchauffement climatique, vouloir préserver à grand coup de canon l’activité ludique mais non moins lucrative des sports d’hiver, me semble une aberration tout aussi sidérante que de climatiser un stade de foot en plein été. Comme si par magie, il tombait de la neige au Sahara…
Oui, je suis d'accord avec toi, la montagne, ça se mérite. Je ne skie pas, peut être est ce plus facile pour moi de trouver aussi abbérant d'utiliser des canons à neige, pour la blanchir. Nous notre montagne, on l'aimera toujours telle qu'elle est et sera. Le reste, c'est de l'artifice. Merci de ce billet, bonne journée .
RépondreSupprimerNous aimons nos montagnes, parce que nous y sommes nés. Elles font parties de nous tout comme nous faisons parties d'elles, avec ou sans neige.;-)
SupprimerBonne semaine
D'accord avec vous deux pour les abérrations !
RépondreSupprimerQuant à la montagne -moi qui suis une fille de la plaine et qui aime le niveau de la mer- elle me fait peur et ne m'attire pas du tout.
Si j'avais à choisir, j'aurais plutôt une préférence pour les hautes plaines de montagne ; une sorte de compromis... ;-)
Supprimer"aberrations", pardon ...
RépondreSupprimerAch , pas anonyme ! partie trop tôt, la correction : "aberrations" ...
RépondreSupprimerTu es pardonnée... Parfois, les commentaires partent plus vite que leurs ombres 🙂
SupprimerL'homme des plaines que je suis est content de l'être. « Le plat pays » de Jacques Brel (mais où aucun canal ne s'est pendu, il devait pas être en forme quand il a écrit ça) avec ses lumières sublimes balayées par les vents, et sa pureté qui a attiré les grands peintres.
RépondreSupprimerLaisser aller son regard jusqu'aux confins de l'horizon est le plus beau repos qui soit pour l'œil.
Vu ma situation « de tordu » les terrains plats sont les meilleurs accessibles, ainsi que les champs immenses, les sous-bois, les plages infinies, un peu hors des sentiers battus. Et en ce sens je suis content d'être né dans le Nord.
Mais c'est curieux, parfois la montagne ça me manque. Alors j'y vais de temps à autre estivalement une petite semaine et chaque fois je rentre à la fois content et déçu. Content du grandiose et comme tu dis cette magie de la montagne qui s'éloigne à mesure qu'on avance vers elle. Mais déçu, parce qu'en fauteuil roulant électrique, hormis les routes macadamisées, on ne va pas bien loin, ni bien haut… j'ai parfois le sentiment de respirer plus de gasoil que d'odeurs des sapins frais. Plus de pétarades de moteurs et que de chants des oiseaux. Et quoi qu'il en soit jamais aucun lieu de solitude.
Mais sinon je perçois très bien ton vécu d'autant que tu le magnifies par la grande qualité de ton texte !
Pour avoir vécu en plaine, celle de la limagne, je n'ai jamais pu m'habituer à cette absence de relief. Mon regard se perdant sur un horizon de champs de tournesols ou de maïs. J'ai besoin de montagnes, de points de vue, d'horizons lointains, de hauteurs. Sans cela, je ne sais pas prendre de recul, je n'ai plus mon équilibre.
SupprimerJe comprends parfaitement qu'il peut en être autrement pour d'autres personnes. Un lien particulier, étroit, presque intime, se tisse entre chaque personne et le "terroir" qui le voit grandir ou simplement vivre. Mes montagnes, je les ai surtout dans le cœur.
Merci, pour la grande qualité de mon texte.
Quand j'étais petite, dans la chanson de Brel, je croyais que c'était un canard qui s'était pendu ...
SupprimerPour etre de la montagne, il est vrai que cette neige quand il fait soleil on dirait du sucre glace c est superbe, mais il y a 2 ans des touristes russes ont fait venir des canons a neige juste pour la voir aux pieds de leur chalet en se levant alors que ce n etait pas enneigé c est completement dingue....
RépondreSupprimerLa bêtise humaine n'a pas de limite!
SupprimerLe ski, ce vieux truc du XX° siècle, est en pleine décadence. Il va devenir complètement "has been" et parfaitement non-écologique dans peu de temps.
RépondreSupprimerLe réchauffement climatique a déjà eu raison des stations de moyenne montagne, et bientôt, les autres y passeront.
Il reste que la montagne est belle en toute saison, et que ses amoureux préfèreront toujours son contact au plus près, en pataugas, sur les sentiers, dans les alpages, plutôt que de chausser d'onéreuses planches pour un plaisir nécessitant toujours plus d'énergie, en canons à neige, remontées mécaniques etc.
Bon je ne suis pas très objective. Je suis née dans la neige et j'en ai développé une espèce d'aversion...
Tu te souviens de ce billet? Dis-donc, on s 'était bien lâchés en commentaires !
Ben, moi aussi, je suis né dans la neige... En janvier. Je peux te dire que j'ai plus manié la pelle de déneigement que les bâtons de ski.
SupprimerLa neige, je l'aime surtout pour la beauté du paysage, les sons étouffés, la chaleur d'un poêle ronronnant, lorsque qu'après une randonnée, on vienne s'y coucourler tout contre.
Le ski, si je n'en fait pas, cela ne me manque pas. Pour ce billet, que tu as mis en lien, je m'en souviens parfaitement. D'ailleurs, à sa lecture, je découvre tous les ingrédients de ce billet d'Hiver. Les longs dialogues en moins.
Moi j'aime la montagne au printemps et en été. Quand elle se transforme en jardin... ♥♥♥
RépondreSupprimerEt je n'ai jamais mis les pieds sur des skis.
SupprimerLa montagne est belle au printemps, lorsque elle sort timidement de son hibernation. L'horizon y est clair, le regard porte à l'infini.
Il y a moins de promeneurs/touristes, que de vaches. L'été, les points culminants sont à proscrire, ou alors seulement aux aurores.
Tout du moins, dans le massif central.
J'aime la montagne, le paysage de montagne, c'est si beau. D'ailleurs, maintenant que notre fils ne vit plus en Bretagne, nous pourrons partir en vacances en montagne, cela changera de l'océan :-)
RépondreSupprimerPar contre, je n'ai jamais aimé skier, j'aime la neige, mais le ski, non. Je n'ai aucun équilibre, j'ai peur, bref, ce n'est pas pour moi. A la limite, la luge... :-)
Bonne fin de journée, Xoulec. Bises bassoises.
Avant d'initier mes enfants, je n'avais pas skié pendant plus de vingt-cinq ans. Cela ne me manquait pas plus que cela.
SupprimerMaintenant, ils savent ; libre à eux de pratiquer, ou pas. Le ski, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas.
S'il fallait choisir, mon choix serait la montagne. S'enivrer du paysage, se sentir en communion, en symbiose. Pouvoir en profiter quand on le décide, peu importe la saison. Comme le dit Célestine, une paire de pataugas, une veste, un poncho, voire un appareil photo, un bâton de pèlerin, et zou...
Bises Puydomesques
Je ne sais pourquoi dès que l'on parle de montagne enneigée, l'image qui y est associée est piste noire, remontée mécanique, dameuse, rack track, canons à neige. La montagne c'est aussi marche raquettes au pied, peaux de phoques, fartage etc.....à la dure, pour mieux entrer en communion avec les sommets qui se méritent . Je ne la connais et ne l'apprécie que sous cet angle là .
RépondreSupprimerCette façon de tutoyer les sommets, c'est justement sous le même angle, que j'ai découvert de plus hautes montagnes que les miennes. J'étais alors militaire appelé sous les drapeaux, l'été, il était organisé des "sorties montagnes". En tenue de chasseur alpin, mais sans la tarte... mais avec sac à dos, vêtements chauds, piolet et crampons. Un casse-croûte au sommet, pour reprendre des forces, et quelques exercices d'alpinisme. Je n'avais encore jamais ressenti cette plénitude que la montagne exerçait sur moi. Le soleil, les montagnes, les alpes grandioses.
SupprimerDepuis, je ne m'adonne qu'au ski, de temps en temps, et à un peu de randonnée, de temps à autre. pas assez à mon goût.
Amicalement
Je n'ai jamais skié. Dans mon enfance et adolescence, avec mes parents on allait en Bretagne. Ensuite avec mon mari on a vu d'autres coins de France mais jamais la côte basque. Je suis allée avec lui en montagne mais en dehors des sports d'hiver toujours. Il faut dire que j'habitais jusqu'à l'âge de 23 ans dans le Nord de la France et ensuite près de la Méditerranée. Bon week end.
RépondreSupprimerDécouvrir la montagne par le biais des sports d'hiver, n'est probablement pas la meilleur façon de l'apprécier. Pour ma part, pour le ski, j'évite, dans la mesure du possible, le grand rush des vacances scolaires. Merci de votre visite.
SupprimerBonne semaine
Je suis allé voir mon fils qui travaille à Saint Flour , et nous avons été deux jours skier au Lioran , c'était super , d'abord d'être avec mon fils , que l'on s'entende bien , super bien et puis je connais vraiment bien le Cantal , alors c'est toujours chouette d'y aller ( Massif Central Pays de mes grand-parents , la chanson de Jean Ferrat , ils quittent un à un le pays , les uns se sont retrouvés à Tours , les autres près de Limoges, mais mon Dieu , que la montagne est belle ! ) .
RépondreSupprimerDonc lorsque j'étais en haut du plomb du Cantal , j'ai pris mes hyper jumelles à vision lointanoïde intégrée et j'ai regardé le Sancy , j'ai vu un skieur , c'était donc toi ?
St-Flour, citée des vents... Je connais, bien qu'il y a longtemps que je ne m'y suis pas promené ; le faubourg, la ville haute...
SupprimerJe n'ai skié au Lioran qu'une seule fois. Trop loin de mon domicile pour une seule journée. Au retour, la fatigue se faisait sentir...
Le Sancy est plus accessible. Le matin, ski à Super-Besse, qui est orienté est/sud-est, l'après-midi, quand la neige devient de la "soupe", il suffit de rallier, via un passage (s'il est ouvert) le mont d'or , qui est orienté au nord.
Généralement, pour me faire plaisir, je ne ski qu'une grosse demi-journée.
Au sommet du plomb du Cantal, tu es sur le point culminant du plus vaste stratovolcan d'Europe... Ce n'est pas rien !