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dimanche 29 septembre 2024

stairway to heaven

Devoir de Lakevio du Goût_.jpg 

 

193ème Devoir de Lakevio du Goût.

 

J’aime particulièrement l’automne mais que vous inspire-t-il ?
Certains lieux me remuent le peu d’âme qui me reste, surtout celui-ci que j’ai parcouru tant de fois.
Êtes-vous plus « Ô bruit doux de la pluie, par terre et sur les toits »
Ou « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris, »
Êtes vous plus branchés Verlaine ou Verhaeren ?
Ou êtes vous simplement vous et vos rêves ou vos idées ?
À lundi, j’espère

 __

 

Chaque fois qu’il revient sur les hauts de la butte. Il s’arrête, contemple ces escaliers où tout a commencé… Un brin nostalgique, il se revoit, quarante ans plus tôt, les grimpant deux par deux, tant sa jeunesse lui donnait des ailes pour rejoindre son amoureuse aux jupons plein d’trous… Quarante ans qu’il ne les gravit plus, car il sait mieux que personne que ces escaliers sont durs aux miséreux. Il en a fait la douloureuse expérience, le jour où il les « déradoura »*. Un lacet mal lacé, la chaussure gauche entrava la droite, les jambes, via les pieds, perdirent leurs mobilités et le reste du corps bascula. Il ne put se retenir, et dégringola toutes les marches sans prendre le temps de les compter, ni de souffler, trop occupé à essayer de freiner sa cascade. Il se voyait déjà finir sa course folle façon puzzle… Caresse d’opale dans son corps brisé… 

Le chirurgien qui le rafistola n’avait jamais vu ça ! Seulement trois côtes cassées et un visage tuméfié, des hématomes un petit peu partout sur le corps.

 

-  « Vous avez eu beaucoup de chance, monsieur » lui déclara t-il !

 

De la chance, il n’en manqua pas, lorsqu’il découvrit que l’infirmière qui s’occupait de lui était un ange, et ses yeux étaient verts… Comme il lui sourit, elle ne put contenir un fou-rire devant le spectacle que lui offrait son patient. Un semblant de sourire qui ressemblait beaucoup à la grimace qu’aurait pu faire éléphant-man se muant en Michel Bernardin, alias Coluche dans le film “banzaï” (clic), le tout en technicolor, façon grand schtroumpf.

Malgré son apparence, plutôt repoussante, elle tomba sous son charme bien caché. Voilà quarante ans qu’ils marchent côte à côte sous les ailes des moulins qui, c’est bien connu, protègent les amoureux... 

Chaque fois qu’ils viennent à Paris, ils ne manquent jamais de venir sur les hauts de la butte. Là, il sent sa menotte qui cherche sa main, et sous la caresse, il ressent une ivresse qui l’anéantit.

 

 

* déradourer : mot patois de chez moi qui signifie, dégringoler. 

 

 

26 commentaires:

  1. l'histoire est si jolie qu'on espère qu'elle est vraie :-)

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  2. Comme quoi le destin !
    Une chute qui aurait pu être fatale, qui ouvre la porte d'une superbe histoire d'amour !

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    1. Une chute, c'est l'illustration parfaite de l'expression : tomber amoureux 😉​

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  3. Alors c'est toi lepoète et l'infirmière cette inconnue !
    Tu as eu du pot quie les ailes des moulins protègent les amoureux...

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    1. J'ai surtout eu du pot de trouver comment "traiter" le sujet du devoir, et ce, dans le temps imparti. Ce qui est, pour moi, le plus difficile.

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  4. Première participation aux « devoirs du lundi » et c'est déjà un must !
    Si l'histoire est vraie (on en a tellement envie) elle est encore plus jolie.
    En tout cas, et même si c'était provisoire « la beauté cachée des laids se voit sans délai »

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    1. Je ne suis pas sûr de pouvoir participer tous les lundis. Là, en découvrant, j'ai eu une idée, et comme je savais que j'y arriverais dans les temps, j'ai "officialisé" la participation. Quant à savoir si l'histoire est vraie... Quasiment toutes celles que j'écris sont vraies.🤔​

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    2. Alors tout est dans le mot « quasiment »…
      Pour ta participation, je comprends bien, car tu dis souvent que tu as besoin de mûrir tes textes. Cela dit on peut publier son devoir du lundi… bien plus tard dans la semaine… rien n'est obligé par ici. Quoi qu'il en soit je me réjouis, même si tu participes occasionnellement…

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    3. "Quasiment" et un mot sacrément pratique :-) Il permet de ne pas dire les choses tout en les disant, sans vraiment les dires et en laissant dubitatif.
      Après un rapide inventaire, je dénombre environ trois ou quatre textes totalement inventés, mais avec des bribes de vrai. Ce sont principalement ceux que j'ai écrits pour le devoir de Lakevio du Gout, mais en "off". Juste pour moi.

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  5. première participation, et quelle participation !
    et un titre de Led Zep en prime !

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    1. Tous les escaliers que je vois, me font penser à ce titre. D’où mon titre.

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  6. Comme quoi, des escaliers peuvent être un nirvana. ;-) Bises alpines.

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    1. Absolument, rien à dire de plus.
      Bises Puydômoises

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  7. J'espère vraiment que cette histoire, qui commençait mal, se finisse si bien et est vrai...A tout âge, il y a une petite fleur bleue qui sommeille....

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    1. Il n'y a pas d'âge pour l'amour. Parfois il frappe à la porte, parfois il dévale les escaliers et emporte tout sur son passage. Quant à savoir si cette histoire est vraie... Comme je le dis à Adrienne, l'espoir fait vivre...

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  8. Oh comme c'est mignon, adorable ! (pas la chute, le visage tuméfié et les hématomes... mais la chute finale !)

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    1. L'histoire est belle, on aimerait qu'elle soit vraie... Toutes les histoires que j'écris sur mon blog, sauf exceptions (deux ou trois) sont vraies, même celle que je qualifie d’abracadabrantesque. Malheureusement, aux risques de décevoir, celle-ci, est le seul fruit de mon imagination. Une image, les paroles d'une chanson ont suffi à me donner l'envie de participer à ce devoir. J'avoue que je me suis régalé à sa rédaction.

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  9. Le Goût serait tombé amoureux de l'infirmière.

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  10. C'est une très jolie ballade d'automne bien racontée et jalonnée de chansons. Moi je suis restée avec la ballade de Jim de Souchon dans la tête que j'aime me rappeler.

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    1. Si je n'avais pas un "lien" avec une chanson ou deux, je crois que je serais incapable d'écrire quoi que ce soit. Je suis heureux que tu aies vu le clin d’œil à la ballade de Jim.
      Pour toi 🎵🎵🎵

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    2. Je me permets de m'immiscer. Ce que tu réponds à Myrte m'intéresse beaucoup quant aux sources (conscientes ou inconscientes, ici conscientes) de nos aspirations et de notre créativité. En effet s'il n'y avait pas ces liens sous-jacents, pourrions-nous construire des textes inspirés ? Nous serions capables de faire des textes procès-verbaux, ou de type de ce que produit l'intelligence artificielle, c'est-à-dire d'une fadeur, d'une inconsistance et d'un ennui désespéré.
      Bon, je n'insiste pas… je ferais mieux d'écrire un billet là-dessus…
      Quoi qu'il en soit merci pour cet échange.

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    3. Je suis impatient de lire un tel billet.

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  11. Ah les infirmières, peut-on résister ?
    Avec leur petite blouse blanche, ô lala, quel souci ces émotions troublantes !
    Rire.
    Je me souviens qu'à l'école on m'a appris un poème de jadis: " Le bonheur est dans le pré...." taratata, le bonheur est à l'hôpital entre pansements et piqures, dans l'odeur du désinfectant et l'érotisme du sparadra.

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    1. Je comprends parfaitement que lorsqu’on est mal en point, surtout si au préalable, on a déradouré des escaliers, on puisse "s'éprendre" de celles qui met beaucoup d'application à panser les bobos. A plus forte raison si, comme dans la chanson de Souchon, l'infirmière est un ange, et ses yeux sont vert !
      Quant au bonheur qui serait dans l’hôpital, je ne suis pas très sûr que la suite du poème soit valable.Cours-y vite... Pas trop quand même :-)

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