« Tiens, voilà septembre qui m’tombe sur l’moral ».
J’ai douze ans et je n’en mène pas large. J’essaie de ne rien montrer, mais je suis dans un état d’émotion extrême. Mes parents viennent de me laisser dans la cour du collège, pour l’entrée en sixième. Je quittais pour la première fois la ferme familiale ; un grand départ. La pension était aussi terrible que l’idée que je m’en faisais. En écrivant ces premières lignes, je me rends compte qu’en fait, je n’ai que onze ans. Cela ne change rien à cet état d’émotion ; il est toujours le même. Ce sont ces mêmes douze ans, qui me font déverser sur du papier d'écolier un flot ininterrompu d’encre bleu.
J’ai douze ans. J’ai la gorge nouée, si bien qu’aucun mot ne peut franchir la barrière des cordes vocales pour y être soufflé et les rendre audibles. Les tentatives avortent, ma voix n’a aucune assurance.
J’ai douze ans, dans cette chambre d’hôtel. Le parquet craque sinistrement, le lit en bois sombre n’a rien d’accueillant. J’ai réservé trois nuits, et dès la première, par un carreau cassé, le vent de janvier s’invite dans ma tristesse sans Chopin.
J’ai souvent eu douze ans…
J’ai encore douze ans, en regardant mon fils les avoir à son tour… Les mots ne peuvent s’extirper de ma sensibilité, de la nôtre… Nous échangeons des banalités, des petits riens. L’état d’émotion est extrême, on se jette dans les bras l’un de l’autre. Puis, comme je suis meilleur à l’écrit qu’à l’oral, me vient l’idée de lui écrire ce que je ne sais pas dire. Une courte lettre deux cent mots… remplie d’émotions, pour lui dire que je l’aime, que je suis fier de lui, que j’ai confiance en lui pour la suite, pour qu’il y puise sa force comme j’y puise la mienne.
Que c est beau, décidement ces rentrées font couler beaucoup d'encre et autant de larmes.
RépondreSupprimerQue c'est beau un homme qui dit à son fils qu'il l'aime ............
Ce billet est rempli de tendresse si seulement mon ex mari avait pu dire ce genre de choses à notre fils au lieu de lui dire " j ai une nouvelle famille tu es un histoire ancienne"
Jolie chanson que je ne connaissais pas ou je n'ai pas reconnue.
Je fais partie d'une génération dont les parents ne disaient pas à leurs enfants qu'ils les aimaient. J'ai senti que mon fils en avait besoin. Un grand moment d'émotions partagées.
SupprimerLa chanson est celle du générique de fin du célèbre film avec Coluche : le maitre d'école
Quel texte bourré d'émotion !
RépondreSupprimerEt pas seulement : en le lisant, le rythme de tes mots fait une petite danse.
Tu es meilleur à l'écrit, dis-tu ? Eh bien, tant mieux : ton fils pourra relire à satiété les mots de son père tendre et sensible.
Personnellement, les mots de mon père, c'est ce qui m'a le plus manqué
J'ai écrit ce texte avec les yeux humides, tant l'émotion débordait. Avec mon père, nous n'avions pas besoin de mot pour nous comprendre. J'ai écrit la lettre à mon fils avec encore plus d'émotion. J'ai dû m’interrompre plusieurs fois...
SupprimerQuel beau texte ! Plein de sensibilité et d'émotions qui affleurent.
RépondreSupprimerC'est peut-être une chance d'être meilleur à l'écrit qu'à l'oral.
Les écrits reste dit-on… et souvent on pense à des « mauvais écrits ». Mais là, c'est tout le contraire et ton fils n'oubliera pas. Ce sont des lettres que l'on garde précieusement.
Et vraiment, tu as une écriture « qui touche ». Dis-toi bien que c'est très précieux.
Merci pour le beau texte. Je ne sais pas si j'aurais été capable de lui écrire, si je n'avais pas pris de « cours particulier »... Les paroles s'envolent trop souvent.
SupprimerJe savais que ma lettre le toucherait droit au cœur ; même lui, ne connaissait pas vraiment mon côté "Xoulec"...
Comme c'est joli, comme c'est doux, toutes ces phrases qui débordent de tendresse, ces mots plein de cœur non pas à revendre, mais à offrir. Le cœur sur le cœur...
RépondreSupprimerC'est un précieux cadeau que tu lui as fait là, et nous le partager est tout aussi précieux♥
Je ne pouvais contenir, ni taire cet afflux de mots, la lettre s'imposait ; pour qu'il en reste quelque chose dont il puisse s’imprégner.
SupprimerOn ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime, par peur de les gêner, qu'on les aime ♫♪♫♪♫ magnifique chanson !
C'est vrai qu'avant nos parents n'exprimaient pas leurs émotions, leurs sentiments, et pourtant cela nous aurait rassurés, réconfortés. Tu as eu raison d'écrire cette lettre à ton fils, c'est un cadeau précieux que tu lui as fait.
RépondreSupprimerBeau week-end à toi, Xoulec. Bises bassoises.
Un cadeau qui l'a beaucoup ému. Toutes ces choses, tous ces mots que l'on ne dit jamais, je voulais les lui dire comme j'aurais aimé qu'on me les dise.
SupprimerBonne soirée et bon dimanche .
Bises Puydômoises
J'ai gardé les lettres de mon père, moins encore que d'autres il n'exprimait ses sentiments. Pour lire en lui, c'était impossible. Mais il était sans doute comme toi, plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral. Peu bavard, ses lettres sont bourrées d'amour et de bienfaisance. Comme toi, j'ai toujours souvent 12 ans. A chaque fois avec la même émotion. Il n'est pas toujours nécessaire de dire les choses pour les exprimer. Elles n'en ont que plus d'intensité.
RépondreSupprimerTa dernière phrase est très juste. Ces lettres de nos parents, d'adultes à adulte, ont un "truc" en plus ; non pas parce qu'elles nous touchent, mais parce qu'elles nous font découvrir nos parents sous un autre jour.
SupprimerOn ne le connaît pas forcément.
J'ai une lettre ou deux, de ma maman, écrite pour un moment fort de ma vie ; probablement que comme pour moi, il était plus facile d'écrire que de parler.
Les mots, ainsi déposés sur le papier parlent davantage à notre être profond. Je les garde précieusement, tout comme le manuscrit de l'histoire de sa vie, qu'elle a ecrit pour ses enfants.
Quelle chance ! comme j'aurais aimé ça de la part de mes parents qui ne parlaient pas !
Supprimer@ Ambre
SupprimerElle a écrit son histoire à la demande d'une de mes sœurs ; de son plus ancien souvenir jusqu'à nos jours.
Ma maman avait une belle plume, et c'est la deuxième guerre mondiale qui l'a empêché d'avoir son bac.
Bonjour Xoulec Tu as eu souvent et a encore 12 ans, puisses tu les garder dans ce qu'elles ont eu de positif pour toi. Pas entendu de "je t'aime" de la part de mes parents mais tellement d'actes, de regards, de petites ou grandes attentions me l'ont prouvé !
RépondreSupprimerMes premiers 12 ans, j'y voyais surtout la fin de l'enfance, pas de retour en arrière. Les autres à venir, j'y ai vu souvent la fin de quelque chose, sans me rendre vraiment compte que c'était aussi un autre début. Pourtant, ce sont ces mêmes 12 ans qui m'ont fait avancer...
SupprimerCes derniers, sont surtout un début, plutôt une continuité, d'ailleurs !
Coucou. C'est émouvant. Je crois bien que mes parents ne m'ont jamais dit qu'ils m'aimaient. Ni oralement, ni dans des lettres. Mais le courant passe, l'énergie positive circule et plus ils vieillissent (et moi aussi) et plus ce lien se renforce. Merci. Merci. Bises alpines.
RépondreSupprimerLe lien se renforce d'autant plus que nous atteignons un "bel âge". Les lettres et manuscrits ne le disaient pas explicitement, mais le simple fait de les avoir écrites, le prouvait bien plus.
SupprimerIl en est probablement de même de la mienne, de lettre.
Mais, je suis sûr qu'il le savait déjà.
Bises Auvergnates
Beautiful blog
RépondreSupprimerThanks
Supprimerit’s like it’s done.
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