La ferme avait définitivement cessé de respirer. La dernière vache avait quitté l’étable pour celle du voisin ; elle allait pouvoir enfin se rendre compte elle-même si l’herbe était vraiment plus verte ailleurs… Le matériel agricole avait trouvé preneur, et les terres en vente avaient été préemptées par un organisme qui allait se charger de les redistribuer inéquitablement… la SAFER, pour la nommer explicitement. Un tel niveau d’incompétence mérite d’être souligné… Alors que nous avions trouvé des acheteurs pour chaque parcelle, cet organisme n’en trouva pas ; allant à en proposer à ceux là même à qui elle avait ôté la terre de la bouche. C’était consternant. Certaines devinrent des friches, d’autres ont été accaparé. Mais laissons cela de côté.
Notre grange, libérée, délivrée du matériel, était située en plein centre du village, et, à ce titre, attisait la convoitise d’un voisin mitoyen. Par bouches et oreilles interposées, nous avions eu vent de ses velléités d’utilisation, voire d’achat, pour une bouchée de mauvais pain. Se croyant tout permis, et profitant de l’âge avancé de mes parents, il squatta les lieux aussi simplement que cela. Nous avions déjà eu affaire à cet individu, (clic), aussi, nous n’allions pas nous laisser déposséder de notre bien aussi facilement.
À la faveur de travaux publics dans le village, et en échange de deux bouteilles d’un divin breuvage, mon père fit creuser un fossé en limite de propriété. Certes symbolique, mais pour l’heure, suffisant pour arrêter notre squatter.
“ T’as vu ce qu’ils m’ont fait ?”, confia t-il à notre ami d’enfance.
Dans un petit village, tout fini par se savoir...
Il n’allait pas être déçu de la suite que nous lui réservions… Quand on a affaire à des gens tordus, il faut être plus tordu qu’eux. Cette tranchée fut comblée de terre arable, et tout un chacun pu y voir s’épanouir, au printemps suivant, un superbe alignement de fleurs et arbustes du plus bel effet.
Nous avions enjolivé une partie du village, et notre squatter ne pouvait plus raisonnablement y entreposer son matériel sans tout ravager et se le faire reprocher. Ce fut bien-là la démonstration du pouvoir des fleurs…
L’année suivante, la mairie nous emboîta le pas, et d’autres endroits propices furent fleuris à leur tour. Mais ça, c’est une autre histoire…
Ce furent donc les fleurs du bien, un tour bien joué à un voisin malsain.
RépondreSupprimerQuand à la SAFER c est vrai qu'elle ne s'afferait à rien de bon je suis sure qu'ils devaient marcher au pot de vin.......
Personne ne s'attendait à ce que de simples fleurs stoppassent notre intrus. Avant cela, il y eut quelques altercations, sans grands résultats.
SupprimerQuant à la SAFER, il y aurait tellement à dire...
Lire ma réponse à Alain
SupprimerCe voisin ne doutait de rien !
RépondreSupprimerSuperbe cette idée de planter des fleurs, j'aime beaucoup.
Quant à la SAFER, en tant que maman d'un agriculteur, je n'en pense pas du bien non plus...
Arrangements faits par copinages...
Il était plus simple de planter des fleurs que de construire un mur à la "Trump" ! De plus, nous étions quasiment sûrs du bon résultat.
SupprimerQuant à la SAFER, je vais écrire une anecdote, en complément, qui nous avait bien fait rire.
Je t'invite à lire ma réponse à Alain
SupprimerLa SAFER, mais voilà bien une invention des gens comme monsieur Debatisse et ses amis, si je ne m'abuse. Enfin je ne m'abuse pas, mais lui, qu'est ce qu'il a pu abuser... de son pouvoir ! Quant aux voisins indélicats, je crois que j'ai les mêmes à la maison !
RépondreSupprimerCela dit, ton texte me renvoie beaucoup de tristesse. Celle de la fin d'une ferme comme celle où je me suis épanouie. J'ai la gorge nouée.
Bon dimanche.
La fin d'une ferme, c'est aussi la fin d'une vie de labeur. Mes parents étaient heureux de voir que mon frère aîné reprenait. Hélas, après cinq années d'activité, il a jeté l'éponge. Faut dire, qu'il n'avait pas suivi le parcours (sup) moderne du jeune agriculteur. A ce titre, il eut droit à tous les bâtons dans les roues... Une ferme de quinze hectares, en 1980 n'était plus suffisante pour vivre décemment. Quant aux voisins indélicats, il y en a partout, mais celui-ci en a eu pour son grade. Beaucoup d'autres se moquaient sous cape en jurant qu'il l'avait pas volé. Pour une fois...
SupprimerBonne semaine
Tu m'a rappelé mon livre fétiche, Tistou les Pouces verts, que je te conseille ardemment de lire si ce n'est déjà fait.
RépondreSupprimerC'est une petite merveille, et ton billet semble sorti tout droit d'un de ses chapitres...
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
C'est un beau compliment que tu me fais, ma Célestine ! Je n'ai jamais lu ce livre, peut-être un chapitre, à l'école primaire, car je connais ce nom.
SupprimerSur une de tes recommandations, je l'ai téléchargé. Il est quelque part dans mon Windows sept, mais je ne l'ai, encore, pas lu. Comme un autre...
Je ne sais même pas si je le lirai un jour. ? A moins que je ne m'offre la version traditionnelle.
Se battre et gagner avec des fleurs, c'est beau! Bises alpines.
RépondreSupprimerCoucou, dans mon Cantal de l'époque, qui aurait pu croire ça ! oui, c'est beau.
SupprimerBises puydomoises
Les SAFER, c'est pas des trucs pour protéger les agriculteurs français, mais qui préfèrent favoriser les investisseurs chinois, exclusivement par des méthodes de sagouins et petits arrangements entre magouilleurs qui ne puent pas que des pieds ? Mais je dois être mauvaise langue car ils affirment « Nous travaillons en toute transparence ». Mais bien sûr, et d'ailleurs on les croit, dur comme un soc de charrue.
RépondreSupprimerEt sinon j'ai beaucoup apprécié le combat pacifique avec des fleurs. Chapeau et respect !
Merci pour ces informations complémentaires éclairantes. Un de mes amis de jeunesse était cultivateur (je parle au passé parce qu'il est en retraite) et me parlait des magouilles et surtout du favoritisme que tu évoques. Difficile de lutter contre les détournements de la loi quels qu'ils soient…
SupprimerQuelle belle et intelligente idée ces fleurs (du bien) servant de rempart au voisin invasif ! Il se croyait avoir tous les droits, mais voilà que les fleurs l'ont remis dans le droit chemin, ou du moins l'ont redirigé chez lui. :-)
RépondreSupprimerBonne fin de journée, Xoulec. Bises bassoises.
En plus, étant mitoyen, il a pu profiter de l'embellissement pour sa propre maison.
SupprimerBonne soirée, bises puydômoises
Excellente et jolie histoire. "La bataille des fleurs", ça fait du bien et ça change !
RépondreSupprimerAvant que les fleurs ne mettent un point final à notre bataille, il y eut de nombreuses injonctions, voire deux ou trois altercations. En vain. Jusqu’à ce que cette idée germe dans notre esprit. Gagner avec des fleurs avait quelque chose de jubilatoire.
SupprimerAh, super ton histoire , pour une fois la cupidité et la malhonnêteté ne triomphent pas et en plus le Cantal s'embellit ! Génial !
RépondreSupprimerOn aimerait qu'il en soit toujours ainsi.
J'ai lu ta réponse à Alain , dans le coin lors du remembrement j'ai entendu de ces histoires de magouilles , mieux valait être amis des gens haut-placés .....
Enfin moi j'étais petit , j'ai juste entendu .....
Je suis un enfant du centre ville , alors la campagne , j'en rêve , c'était quand j'étais petit chez mes grand-parents , les éleveurs , les vaches , les prairies, les forêts , je les regardais avec jalousie , j'ai toujours eu peur des vaches , des chiens , comment faisaient-ils ces hommes et ces femmes placides et calmes pour connaitre autant la nature , ils semblaient savoir tout faire .
ET samedi prochain et pour la première fois de ma vie je vais passer le motoculteur chez le vieux papa de ma chérie , alors là , je suis très fier d'avance , je ferai un peu partie des gens de la campagne !
C'est vrai, que de gagner sur la malhonnêteté, donne de l'espoir pour d'autres. Ce n'est pas, hélas, toujours le cas.
SupprimerLes paysans d'antan vivaient en harmonie avec la nature, je pense, plus que maintenant. Ils ne semblaient pas, ils savaient tout faire, par nécessité, par besoin, parce que leurs vies étaient ainsi faites.
Le travail de la terre nous rapproche de nos racines paysannes, et je vois avec plaisir que, même en étant un enfant de la ville, toi aussi, tu es fier d'avance, et j'en suis heureux pour toi.
Pour ma part, ce samedi, je plante les pommes de terre.
Bon jardinage
Une histoire qui serre le cœur aux premières lignes ! Bravo d'avoir été aussi judicieux et efficace : on a envie d'applaudir !
RépondreSupprimerTu as raison, la fin d'une ferme ressemble beaucoup à une fin de vie. Ma première phrase se voulait de retranscrire ce sentiment. Même si je ne l'ai pas vécu directement, j'ai ressenti.
SupprimerPour la bataille des fleurs, on peut applaudir, c'est sain.
Bonne soirée
Bonsoir Xoulec
RépondreSupprimerTriste affaire où, entre les lignes , nous pouvons percevoir le ressenti de chacun, les usurpés et les usurpateurs. Finalement l'honnêteté et le bon sens prévalent.
Toujours pas avisée par NL :-(
L'anonyme qui ne reçoit pas ta NL.......c'est Chinou
RépondreSupprimerJe t'avais presque reconnu... Pour ce qui est de la notification t'informant de mes nouvelles publications, pfiouuu, en anglais : news letters, je vais m'en occuper personnellement. Blogspot n'a plus qu'à bien se tenir.
SupprimerTes mots sont justes, triste affaire ! Dans un petit village d'à peine trente habitants, il y avait ceux qui le "soutenaient", l'invasion était presque légitime, puisque nous nous en servions plus... Il y avait ceux qui n'en avaient rien à faire, puis ceux, les plus nombreux, qui pensaient que c'était bien fait pour lui. Beaucoup avaient quelques griefs et quelques comptes à régler...
Bonne semaine
Bien rusé, il faut savoir trouver une ou des solutions quand il y a des empêcheurs de tourner en rond. Bon week end !
RépondreSupprimerSavoir trouver la parade n'est pas toujours évident, ni facile. Cette solution-là, s'est quasiment imposée à nous. Faut dire que la configuration du lieu s'y prêtait parfaitement, et aussi, que nous avons eu un peu de chance.
SupprimerBonne semaine