- Le train 86787 en provenance de Trifouillis-les-Oies et à destination de Pétaouchnok entre en gare. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai et prendre garde à l’ouverture des portes. Ce train dessert, etc, etc.
On se souvient toutes et tous de ces annonces diffusées dans les gares. Il y a si longtemps que je n’ai pas utilisé ce mode de transport, que je ne sais plus si cette annonce est encore d’actualité. Mon tout premier voyage fut pour me rendre dans le sud de la France, alors que j’étais très jeune. Le voyage me paraissait plus beau que la destination ; des tunnels, des viaducs, des ouvrages d’art, les gorges de l’Allier si encaissées que seul le chemin de fer s'entremêlait au ciel des Cévennes et à la rivière. Une poignée d'années plus tard, j’utilisais ce moyen de locomotion pour aller, non pas glisser ma peau sous les draps, mais la risquer sous les drapeaux… Le trajet dûment expliqué par le chef de gare en personne, s’aidant d’une sorte de grimoire où figuraient tous les départs et arrivées de tous les trains de France et de Navarre.
- Départ de… à 17h34, arrivée à 19h01. Correspondance pour… à 19h05, arrivée à 20h27. Le temps de s’enfiler un sandwich SNCF, départ imminent à 20h35 pour une arrivée à 22h15.
Pendant 12 mois que dura l’opération, il n’y eut pas un seul dysfonctionnement. Une parfaite mécanique à la précision Helvétique… 25 ans plus tard, la précision n’était plus ce qu’elle était. J’ai dû arrêter de compter les avaries et les framboises… Me revient en mémoire un voyage où la micheline se prit de nostalgie pour la vapeur…
Vitres ouvertes, je regardais les vaches regardant le train, quand je remarquais subrepticement, des relents de fumée noire pas catholiques. À la faveur d’une courbe, je vis que la locomotive crachait du noir comme une usine à charbon. Un pape en devenir conduirait-il le train, pensais-je, en souriant de ma blague ? Ça sentait le roussi ; ça sentait surtout la carafe, et un retard à la clef. Tant bien que mal, nous atteignîmes l’arrêt suivant. Le train s’immobilisa sur une voie de garage, la fumée s’épaissit de relents âcres ; les pompiers étaient sur place pour circonscrire l’embrasement de la loco.
J’ai abandonné ce mode de transport, sans regrets. De trains supprimés en horaires décalés, de contrariétés en mouvement inopinés, je devais me rendre à l’évidence, je payais un abonnement, et utilisais ma voiture plus que je n’aurais dû. Puis un jour, je constatais que ma cheffe de gare préférée, que je croisais tous les matins, cinq heures quarante…, une magnifique brune aux yeux non moins magnifiquement bleus, avait été remplacée par un automate qui ne comprendrait rien à mes jeux de mots et autres compliments. Cet appareil, même doté d’une vague intelligence, ne me mettait pas en joie.
J’abandonnais à contrecœur mes moments ferroviaires de lecture, remplacés par les chroniques matutinales d’humoristes et autres éditorialistes de la radio. Pour celles et ceux qui ont quelque chose entre les oreilles...
À nous de vous faire préférer le train…
Un petit bijou ce billet. Avec juste assez d’impertinence et ce zeste d’humour qui nous relie par dessus les montagnes…Des clins d’œil à un style que j ai tellement pratiqué … avaries et framboises par exemple. Très bien trouvé ! Bref voilà pour la forme.
RépondreSupprimerConcernant le fond il faut bien admettre que ton constat est malheureusement exact. Plus aucun train n’arrive à l’heure de nos jours. C’est bien terminé l’exactitude légendaire de la SNCF.
Grèves, incidents de signalisation, accidents de personnes… ah ces fameux accidents de personnes. C’est fou le nombre de gens qui se balancent sous le train de nos jours …bref, il faut vraiment avoir l’esprit écologique chevillé au corps pour continuer à se déplacer en train… sans compter que les tarifs sont de plus en plus exorbitants !
Avec tout ça je vais devoir te laisser je suis un peu pressée j’ai un train à prendre…
Bises mutines et matinales ( donc matutinales )
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J'ai utilisé le train pendant plusieurs années, et j'ai trouvé l'astuce qu'ils utilisent pour que les statistiques de ponctualité leur soient favorables.
SupprimerJe vais essayer d'être clair.
Mon train du soir était programmé à 18 h18. Comme il arrivait systématiquement en retard, 5 minutes environ. Pour éviter d'inscrire quelque part le retard du train, celui-ci était repoussé à 18 h25 et donc n'était plus en retard, et ainsi de suite. Le problème, c'est que de 18h18 en 18h25, puis de 25 en 34, et de 34 en 45, mon train de soir n'était plus du tout à l'heure, qui me convenait. Mes journées en étaient d'autant plus rallongées.
J'ai tenu cinq ans à cette sauce. J'ai abandonné sans regrets.
Bises vespérales
Tout peut être question de choix, question de goût, de temps à perdre, à gagner ou à "mettre à profit". Au point de vue horaires et retards, nous ne sommes pas mieux lotis avec l'avion et en ce qui concerne les tarifs, à mon âge canonique, c'est kif-kif. Reste toutefois , lors d'un voyage en train, on peut rencontrer des gens comme toi qui ont quelque chose à partager : humour, framboisees, rébus et que l'on peut quitter sans un adieu.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=9J80X1niH38
Parfois on y rencontre aussi l’homme de sa vie …
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Et oui ! Il paraît que ça arrive ! ;-)
Supprimer@ Chinou
SupprimerVoilà, tu as tout dit. Tout est question de choix... J'ai choisi de ne plus utiliser sur le type de trajet quotidien qui était le mien. D'autant plus qu'après cinq ans d'utilisation, des trains dont les horaires me convenaient parfaitement avaient été supprimés. Il n'y avait plus le côté pratique.
De chez moi, lorsque je pars travailler, j'entends le train ronronner sur ses rails. Mais point de sifflements...
@ Célestine
Il paraît aussi que certains hommes y rencontre la femme de leur vie...
@ Alain
eh oui !
Les temps changent, les robots augmentent que restera t il dans quelques années?
RépondreSupprimerles liens amicaux seront plus forts que tout.
Les temps changent, surtout très vite, et pas forcément dans le sens que l'on aurait voulu.
SupprimerLa qualité de ton écriture faire remonter des souvenirs lointains. Je me revois sur le quai de la gare avec ma tante pour partir à la campagne. Je devais avoir six ou sept ans. L'énorme machine à vapeur entrait en gare. Entre peur et curiosité je voulais m'approcher mais ma tante me tirait en arrière, paraît que c'était dangereux les jets de vapeur.
RépondreSupprimerPlus tard ce furent les trains corail puis les TGV, tant que je pouvais monter par mes propres moyens, il n'y eut guère de problème. Plus tard, j'ai demandé l'assistance SNCF pou les types dans mon genre. L'avantage de ma situation et que j'étais garanti que le train ne partirait pas sans moi ! On mettait à ma disposition un fauteuil roulant qui me montait dans la rame jusqu'à ma place. Un jour ce fut un voyage épique. L'engin élévateur qui devait me faire rentrer jusqu'à la place ad hoc n'arrivait pas, puis il ne fonctionnait pas, deux jeunes femmes étaient chargées de la manœuvre. Le chef de quai qui devait donner le signal de départ les regardait goguenard sans intervenir. Enfin elles ont compris comment ça marchait. Sauf qu'elles ont coincé l'élévateur sous la porte du TGV avec moi dessus évidemment. Le temps passait. Elles ne savait plus que faire. Le chef regardait sa montre : « et ben ! Vous n'êtes pas arrivés… ! » Me dit-il. Le TGV finit par partir avec moi dedans avec au moins 20 minutes de retard. Il y avait 700 km faire. On est quand même arrivé quasiment à l'heure prévue. J'en ai tiré la conclusion que la gent féminine était excessivement appréciée en gare. J'ai eu l'avantage d'être témoin de la solidarité à rebours de ce connard de chef de gare. C'était dans les années 90. Depuis que je suis en fauteuil roulant électrique je n'ai plus jamais pris le train. Il paraît que dans ce cas on peut nous mettre dans un wagon à bestiaux. Ça doit puer non ? (Il y eut un procès à ce sujet. La SNCF se défendit en disant qu'il n'y avait pas d'infirmières en gare pour aider ce genre de corps humain handicapé s'il voulait voyager seul… le juge a estimé qu'il n'y avait aucune responsabilité de la SNCF. Comme quoi il y a des connard partout !)
Que de péripéties ! Je n'ai jamais pris le TGV. La seule fois où je devais, je l'ai loupé. Pas très grave en soit, car sur cette portion de ligne, il ne roulait pas plus vite qu'un train classique. Ici en Auvergne, dans les années 2005/2010, j'ai utilisé des trains plus vieux que moi ; enfin, des trains qui devaient être neufs dans les années 50/60. Des trains à banquettes, on était mal assis... Des trains qui tombaient en panne à 100 mètres de la gare, ou qui ne repartaient pas après un arrêt. Cela m'a vacciné...
SupprimerIl est loin le temps où je trouvais interminable le trajet de Clermont à Issoire ! Je m'amusais à imiter la voix du chef de gare : Cournon - Sarliève ; Le centre - Orcet ; Parent-Coudes- Champeix ; Vic le Comte ; enfin Issoire. Combien reste-t-il de ces arrêts ? Quant aprés Issoire, n'en parlons même pas. Je ne sais même pas s'il y a encore des voies entre Issoire et Arvent ! Bonne journée à toi.
RépondreSupprimerJe crois que ces arrêts sont encore d'actualité. Quant à la ligne paris/Marseille, elle passe bien par Arvant, tout comme pour la ligne Paris/ Béziers. Arvant étant un nœud ferroviaire. Des trains y circulent encore. Moi, pendant mon service militaire, je descendais à Brioude. C'est juste après. Une de mes grandes cousines y tenait l’hôtel de la gare ; maintenant fermé.
SupprimerBonne semaine
Entends tu siffler le train ?
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=3xyhrbtlR3w
Il y a moi aussi fort longtemps que à ma grande honte je n'ai pas pris le train....
Je le prenais souvent jadis
L'anonyme c'était moi, je vais quand même voir si pour me rendre à La Rochelle ouà Borde
SupprimerBordeaux prendre le train est plus pratique que l'auto. J'ai juste perdu l'habitude d'y penser, je prends la voiture tout naturellement.
SupprimerSi j'entends siffler le train ? Oui, trois fois...
SupprimerLe train est très pratique, quand tout fonctionne bien, c'est top. J'adorais y lire mon canard, je ne voyais pas passer le trajet. Cela avait une certaine tranquillité, sans le stress de la route... Mais le stress de rentrer à point d'heure a fini par l'emporter. Je me souviens avoir eu trois heures de retard, sur un trajet de trente minutes. Je n'en pouvais plus.
La dernière fois que j'ai pris le train direct de Montpellier à Lille, c'était en 2011, avec mon mari, pour l'anniversaire de sa tante et marraine. En arrivant à Lille, nous étions attendus par le cousin, qui nous logeait. On était donc dépendant d'un taxi ou de la bonne volonté d'un membre de la famille. J'ai beaucoup pris le train quand je travaillais à Lille, entre 1971 et 1973. Dans mon enfance, une fois par an, nous allons avec mes soeurs à Le Cateau, c'était dans les années 60, il y avait pour 10 mn de trajet. J'ai un autre souvenir : un voyage en Belgique avec ma grand mère paternelle, c'était en 1965. Puis pour le mariage du frère de mon mari, en décembre 1979, voyage de Montpellier à Lille car j'habite Montpellier depuis septembre 1975. Je pense que la voiture sera toujours indispensable, elle ne disparaîtra pas de si tôt. Bon dimanche.
RépondreSupprimerTu as raison, la voiture, électrique ou pas, a encore de beaux jours devant elle.
SupprimerCependant, pour les longs trajets, je ne déteste pas le train ; à condition qu'il fonctionne... Ici, en Auvergne, nous avons le fameux Paris/Clermont et retour de triste renommée. Il collectionne les retards (clic)
Bonne semaine
Le train pour moi, ce sont de merveilleux souvenirs. La fête avec mon frère de savoir que le lendemain, nous allions partir en train dans la petite maison bleue, avec nos parents et ma soeur. Une malle était partie quelques jours avant, c'est que nous allions rester là-bas trois voire quatre semaines. J'ai toujours adoré prendre le train, je n'ai pas souvent l'occasion de le prendre maintenant, mais lorsque cela arrive, les souvenirs affluent. Je ne peux pas détester ce moyen de transport, il est si riche en souvenirs et en moments heureux. :-)
RépondreSupprimerMerci pour ton texte si bien écrit, Xoulec.
Bonne soirée, bises bassoises.
Avant ces périples que je relate, j'aimais le train. Synonyme de retour au bercail. l'ambiance des gares, des petites gares de Massiac, Brioude, Langeac, St Georges d'aurac, où l'on pouvait discuter avec le chef de gare. J'en garde de bons souvenirs, jusqu'à mes malheureuses expériences... Malheureusement, la "restructuration" est passée par là ; le démantèlement en plusieurs morceaux d'un fleuron du transport, pour plus de rentabilité.
SupprimerBon week-end, bises puydômoises
Et on nous rabâche de plus en plus de prendre les transports en commun ! Je me souviens en 1965, j'avais pris le train avec ma grand mère paternelle, une des 1ères fois. Les sièges n'étaient pas confortables mais au moins les trains étaient à l'heure ! bon week end.
RépondreSupprimerPétard, 1965 ! Ce n'est pas jeune ! Enfin, c'est juste mon âge.😉
SupprimerComme dans une chanson de Serge Lama :« On prenait des vieux trains à banquette, on était mal assis » J'ai eu pris ces trains-là, les dossiers étaient si raides, quasiment à l’équerre, il était impossible de s'y sentir bien. L'or d'un trajet, lorsque j'étais militaire, j'ai eu droit à un train avec des banquettes en bois. Un vieux train, dont la fermeture et l'ouverture des portes n'étaient pas automatiques. On pouvait même ouvrir pendant la marche.
Ils étaient tous très ponctuels, la SNCF y mettait un point d'honneur ; c'était un autre temps, disparu.
Pour faire suite au commentaire déposé chez notre "institutrice" ne nous ferais tu pas une petite surprise en publiant un nouveau texte ?
RépondreSupprimerBien amicalement.
Ben, j'ai bien un texte sous le coude, mais je ne l'ai guère travaillé. Faut dire que je suis en retard en tout ; surtout dans mon jardin. Et le jardin n'attend pas.
SupprimerAmitié
Il fut un temps où je prenais très régulièrement le train car je n'avais pas de voiture à disposition. En Suisse, presque toutes les régions sont très bien desservies par les grandes lignes. Nous avons aussi beaucoup de petites lignes bucoliques, grimpant à l'assaut des montagnes, très prisées des touristes. Aujourd'hui, je n'habite plus en ville (heureusement!) et j'ai besoin de ma voiture pour me déplacer. Il me manque ces petits voyages en train. Les vaches étaient toujours très heureuses de voir Dédé à travers les vitres. Bises alpines.
RépondreSupprimerNous, nous avions aussi des lignes bucoliques, mais beaucoup ont fermé ; des trajets remplacés par des cars, d'autres, pas du tout. Les vaches doivent en éprouver un manque.
SupprimerBises du massif central
Quant à la précision helvétique, elle en prend quand même un coup. Il n'est pas rare d'avoir des trains en retard, notamment sur l'arc lémanique. Il y a trop de trains et pas assez de lignes. Il y a aussi trop de voitures. Bref, il y a trop de trop.
RépondreSupprimerLa précision helvétique n'est plus ce qu'elle était, tout fout le camp, ma p'tite dame. :-) Trop de trop, peut-être trop d'eau dans le lac...
SupprimerJ'ai bien aimé cette évocation du voyage en train dont le trajet est souvent plus beau que la destination. Mais le plus beau, plutôt la plus belle, c'était quand même cette jolie cheffe de gare brune aux yeux bleus, tristement remplacée par un robot qui ne comprend rien à la plaisanterie. Cette lecture m'a inspiré un article sur un voyage ancien, alors merci !
RépondreSupprimerHeureux de t'avoir inspiré un article. Il suffit parfois de presque rien pour débloquer la mécanique de l'écriture d'un billet.
SupprimerSur ce, je vais aller visiter ton blog.